Facebook : vous pouvez désormais envoyer des messages secrets sur Messenger

Publié le par Thibault Prévost,

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Après tous ses concurrents directs, Facebook a enfin implanté le chiffrement sur son application Messenger. On fait le point.

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“Quelqu’un vous a envoyé un message”. Voilà ce que pourrez bientôt recevoir comme notification sur votre smartphone lorsque votre écran sera verrouillé. Une notification siglée “Messenger” qui vous fera croire à un mauvais film d’espionnage.

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Tout part d’une mise à jour de Messenger, la messagerie instantanée de Facebook. Récente, elle permet désormais à n’importe quel utilisateur d’envoyer des messages chiffrés qui, en fonction de votre stress, peuvent être plus ou moins éphémère.

Pour ce faire, rien de plus simple : allez dans votre messagerie Facebook, puis sur le profil de la personne et cliquez sur l’option “Conversation secrète” désormais proposée :

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Une fois l’option activée, elle ne sera toujours pas automatique. Il vous faudra démarrer systématiquement une “conversation secrète” avec vos interlocuteurs. Vous pensiez que Facebook allait vous filer un coup de main ? Et puis quoi encore ?

Lorsque ce sera fait, l’écran de votre conversation devrait apparaître en noir accompagné d’un cadenas, tandis que la mention “chiffré d’un appareil à l’autre” s’affiche sous le nom de votre contact, histoire de vous rappeler que vous êtes parfaitement incognito. L’idée ludique ? Programmer la péremption du message à travers des durées différenciées proposées par Messenger. Soit : 5, 10 ou 30 secondes; 1, 5, 10 ou 30 minutes; 1, 6 ou 12 heures; et enfin 1 jour.

Si vous n’êtes toujours pas convaincu, vous pouvez toujours vérifier l’existence des clés de chiffrement spécifiques dans la partie “détails” de la conversation. Enfin, n’oubliez pas que si vous ou votre interlocuteur changez de téléphone, la conversation s’autodétruira dans les dix secondes vous devrez relancer une nouvelle conversation secrète avec de nouvelles clés de chiffrement. La vie privée a un prix.

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Une mise à jour à faire

S’ils avaient voulu garder l’information secrète, ils ne s’y seraient pas mieux pris. Après avoir annoncé en juin dernier la mise en place du chiffrement bout-à-bout (end-to-end) sur son application de messagerie instantanée Messenger, Facebook l’a enfin inclus dans la nouvelle version, dans un silence assourdissant.

Mieux, l’option n’est pas activée par défaut, et c’est donc aux 900 millions d’utilisateurs de l’appli d’aller farfouiller dans les sous-menus pour pouvoir échanger des messages en toute intimité. À se demander si Facebook ne s’est pas senti forcé d’ajouter cette option, alors que l’entreprise stockait jusque-là tranquillement les conversations de ses utilisateurs dans ses serveurs.

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Aujourd’hui, l’encryption end-to-end est en passe de devenir une norme, dans un contexte de questionnement grandissant sur la collecte d’informations personnelles en ligne. WhatsApp, Apple, Telegram, Signal et le récent Google Allo — à sa propre façon, disons — brandissent désormais tous leurs protocoles de chiffrement comme argument de vente : Facebook n’avait donc pas le choix que de s’aligner, sous peine de passer pour un suppôt de la NSA. Et quelque part, on comprend cette dernière : le principe du chiffrement end-to-end empêche quiconque, y compris le fournisseur du service, d’accéder aux données.

C’est donc chose faite aujourd’hui, mais l’entreprise de Mark Zuckerberg— dont la gigantesque source de revenus provient majoritairement de la monétisation des données personnelles de ses utilisateurs — s’est bornée au strict minimum. L’option “conversation secrète” n’est disponible que dans un échange entre deux personnes et ne concerne pas la discussion instantanée traditionnelle du site. Impossible, une fois le service activé, de s’échanger des gifs, messages vocaux ou vidéos, ou de créer des conversations de groupe. Enfin, l’option ne saute pas aux yeux, et c’est un euphémisme.

Une sécurité irréprochable, mais pas pratique

Côté technique, le chiffrement proposé par l’entreprise est béton, comme l’explique Wired. Il se base sur le système de cryptage Signal, développé par l’ONG Open Whispers Systems et adoubé par Sa Majesté Snowden himself. Rien à craindre de ce côté-là, donc. C’est là tout le paradoxe de la nouvelle option : irréprochable sur le plan de la vie privée, et pourtant pas pratique pour deux sous à utiliser. Une manière pour Facebook de limiter les utilisateurs potentiels de l’option à un public éduqué aux questions de la vie privée…

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Ou de s’éviter les ennuis judiciaires que connaît actuellement WhatsApp. Au Brésil, en juillet dernier, les autorités ont tout simplement arrêté un responsable de Facebook (qui détient WhatsApp) après que la compagnie a échoué à décrypter les messages de suspects dans une affaire de trafic de drogues. L’application avait déjà été interdite trois fois dans le pays rien que cette année. Si les utilisateurs de Messenger se mettent rapidement au chiffrement, les autorités vont avoir bien plus de mal à les en empêcher.