Du 3 février au 30 avril, un musée new-yorkais décrypte la relation particulière de la métropole avec le tatouage. Une histoire fascinante, notamment marquée par la prohibition de cet art de 1961 à 1997.
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New York est incontestablement l’une des villes qui a le plus œuvré pour la reconnaissance du tatouage. C’est aussi peut-être celle qui possède l’histoire la plus complexe en matière de tattoo. Au cours des 300 dernières années, le tatouage y a en effet connu de nombreuses évolutions, passant des visages des Amérindiens (pour qui il incarnait un rituel communautaire) aux bras des marins – qui l’utilisaient tantôt comme un porte-bonheur au cours de leurs interminables voyages, tantôt comme un moyen de graver leurs aventures maritimes dans leur chair.
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Sans oublier les trois longues décennies de prohibition : en 1961, le département de la Santé de New York décrète en effet qu’il est désormais “illégal pour quiconque de tatouer un être humain”. Une interdiction justifiée par la prolifération de l’hépatite, qui contraint alors les artistes-tatoueurs de l’époque à piquer à l’ombre des regards, conférant au tatouage un caractère plus que jamais marginal. “L’interdiction n’arrêta pas pour autant les New-Yorkais de se faire tatouer, ni les tatoueurs de se tatouer entre eux, expliquait récemment Cristian Petru Panaite, la commissaire de cette exposition. Si certains tatoueurs quittèrent la ville pour s’installer dans les environs de Mount Vernon et Long Island, la plupart se sont adaptés en ouvrant des studios dans leur propre appartement.”
L’interdiction ne sera levée qu’en 1997, et avec elle se dessine une nouvelle ère pour le tatouage qui, en une poignée d’années, finit par envahir la big city. New York conterait aujourd’hui 270 studios de tatouage, parmi lesquels ceux des très prestigieux Bang Bang ou Scott Campbell.
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Des Amérindiens aux “tattooed ladies”
Désireux de rendre hommage à cette fascinante histoire, le New-York Historical Society s’apprête à accueillir Tattooed New York, une exposition qui retrace plus de 300 ans de tatouage dans la Grosse Pomme. Du 3 février au 30 avril, le musée, qui se situe en plein cœur de Manhattan, reviendra sur les épisodes les plus marquants de ces trois derniers siècles, démontrant la façon dont la convergence entre histoire et pop culture ont permis de faire du tatouage l’un des arts majeurs des États-Unis.
Comme l’explique Forbes, Tattooed New York décrypte dans un premier temps les usages des communautés qui ont fait du tatouage un signe distinctif (les Amérindiens, les marins, les soldats, les tattooed ladies…), avant de retracer l’évolution technologique des moyens de tatouage, de la fameuse technique du stick and poke aux dermographes modernes inventés par Samuel O’Reilly. L’exposition revient également sur le quartier de Bowery (qui fut un véritable refuge de la culture tatouage dans les années 1920 et 1930), sur la façon dont le tatouage a continué de prendre de l’ampleur malgré la prohibition de 1961, et bien sûr sur les tatoueurs contemporains les plus doués de la métropole.
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Les femmes tatouées à l’honneur
Toujours selon Forbes, Tattooed New York porterait une attention toute particulière au rapport des femmes avec le tatouage. Pour témoigner de cette fascinante relation, l’exposition a choisi de mettre en lumière des photos capturant les premières stars féminines de la scène tatouage new-yorkaise, à l’instar de la Belle Irene, de Lady Viola ou encore de Nora Hildebrandt, considérée comme la première femme tatoueuse de l’histoire. Un tableau réalisé par l’artiste-tatoueur Ace Harlyn permet également d’exposer les tatouages de Mildred Hull, qui serait la première et l’unique femme tatoueuse du quartier Bowery.
En outre, Tattooed New York présenterait le tatouage comme une forme d’art ayant permis aux femmes de transgresser les barrières du genre et de s’imposer en tant qu’égales des hommes au sein de la société. Aujourd’hui en France, le tatouage, qui a longtemps été considéré comme une pratique exclusivement masculine, est devenu l’apanage de ces dames : le 17 janvier dernier, l’Ifop révélait une nouvelle étude selon laquelle 16 % des femmes porteraient actuellement un tatouage en France, contre 10 % des hommes.
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