Avec “Présumées coupables”, les Archives nationales de Paris nous ouvrent les portes des procès intentés aux femmes, que l’histoire a qualifiées de sorcières, d’infanticides ou de traîtresses. Un voyage qui s’étale du XIVe au XXe siècle, et qui remet en perspective la place de la femme dans nos sociétés européennes.
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Existe-t-il un crime au féminin ? C’est la question que met aujourd’hui en lumière “Présumées coupables”, la nouvelle exposition des Archives nationales, qui se tient du 30 novembre 2016 au 27 mars 2017. Car si les femmes représentent entre 5 et 10 % de la population pénale globale (selon une proportion qui a peu varié de la fin du Moyen Âge à nos jours), elles ont, dans des cas plus spécifiques, été sur-représentées par rapport aux hommes. Durant des siècles en effet, les femmes sont jugées (et parfois exécutées) pour des “délits” dont leur sexe semble être le seul responsable, à l’instar de la sorcellerie, de l’empoisonnement ou encore de l’infanticide (l’acte de tuer un nouveau-né).
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Désireux de restituer les voix de ces femmes jugées pour des crimes dits “féminins” (un stéréotype nourri tout au long de l’histoire par les mythes, la religion, la littérature ou le cinéma), le musée des Archives nationales de Paris rend aujourd’hui public, pour la première fois, plus de 320 procès-verbaux d’interrogatoires, dont ceux de Jeanne d’Arc et de Marie-Antoinette, qui permettent de mettre en perspective la place accordée à la femme dans les sociétés européennes.
La période que couvre l’exposition, qui s’étale du Moyen Âge à la fin de la Seconde Guerre mondiale, permet de décrypter cinq archétypes féminins : la sorcière, que l’on a longtemps traquée, notamment en Europe au cours des XVIe et XVIIe siècles où se sont organisées plus d’une “chasse aux sorcières” ; l’empoisonneuse, considérée à l’époque comme l’incarnation du mal au féminin ; l’infanticide, très populaire entre le XVIe siècle et les dernières décennies du XIXe ; l’incendiaire de la Commune de Paris, également connue sous le nom de la “pétroleuse” ; et enfin la traîtresse, incarnée par la tondue de la Seconde Guerre mondiale.
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