Et si la réalité spatio-temporelle que nous percevons n’était finalement qu’un hologramme ? L’hypothèse, qui peut paraître insensée au premier abord, traîne pourtant depuis les années 1990 dans les couloirs de la recherche astrophysique, alimentée de temps à autre par une nouvelle étude puis aussi rapidement oubliée. Si, par le passé, la communauté scientifique refusait tout bonnement l’idée pour se concentrer sur les secrets de la physique quantique, la théorie prend de plus en plus de poids à mesure que nous entrapercevons les limites de nos théories actuelles.
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Car au fond, l’idée d’un Univers en deux dimensions “projeté” en trois dimensions n’est pas si improbable, et elle rejoint l’idée selon laquelle notre réalité n’est qu’une simulation, similaire aux mondes virtuels ouverts que nous créons pour nos jeux vidéo. Le 30 janvier, une nouvelle étude, publiée dans le Physical Review Letters, vient donner (encore) un peu plus de poids à la théorie.
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Voilà comment ça fonctionne, selon les mots du professeur Kostas Skenderis, responsable des recherches et interrogé par Phys.org : “L’idée est similaire aux hologrammes ordinaires, où une image tridimensionnelle est encodée dans une surface à deux dimensions, comme sur une carte de crédit. Sauf qu’ici, c’est tout l’Univers qui est encodé.” Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs britanniques, canadiens et italiens impliqués dans l’étude ont analysé des irrégularités dans ce qu’on appelle le fond diffus cosmologique, soit les traces de l’explosion du Big Bang encore détectables à tout moment dans l’Univers et même sur Terre, lorsque vous allumez une télé hertzienne – la “neige” sur l’écran, c’est (en partie) ça.
Pensez comme dans GTA
De fait, si l’on considère l’Univers comme un champ à deux dimensions encodé pour donner l’impression d’être en trois dimensions (en gros, ce qui se passe dès que vous allumez votre télévision), on se rend compte de plusieurs choses : non seulement une surface à deux dimensions intègre sans problème toutes les lois de la physique relative – celles qui gouvernent le mouvement des corps dans l’espace – mais elle est même beaucoup plus pratique pour résoudre certaines grandes énigmes de la physique, comme la nature des trous noirs ou l’unification de l’infiniment petit et de l’infiniment grand.
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Voilà, en partie, pourquoi cette théorie gagne en popularité : elle simplifie tout simplement notre compréhension de la réalité – et elle évite de trop mettre en doute le travail d’Einstein, qui s’est révélé jusque-là d’une remarquable solidité. Vivre dans une projection holographique est donc la solution la plus confortable d’un point de vue physique.
Tellement confortable, à vrai dire, que des chercheurs du prestigieux Fermilab (connu pour son accélérateur de particules) ont mis au point un instrument, l’Holometer, pour détecter des preuves expérimentales de cette théorie : en partant du principe que notre univers est encodé, cela signifierait que l’espace-temps possède une quantité limitée de données disponibles à n’importe quel instant. Pensez à GTA, par exemple : lorsque vous évoluez dans un monde “ouvert”, le monde n’est pas en permanence matérialisé dans votre console de jeux, mais il apparaît devant vous (et disparaît derrière vous) à mesure que vous vous déplacez. Il existe donc une limite entre l’univers graphique que vous percevez et, partout ailleurs, de simples informations codées en langage informatique. L’Holometer cherche à rencontrer cette limite en plongeant dans l’infiniment petit, jusqu’à rencontrer le moment où il n’existe plus d’information. En 2015, l’équipe qui a conçu l’outil a admis son échec.
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Rassurez-vous, si un jour une étude apporte la preuve irréfutable que la réalité telle que nous la percevons est incomplète ou fausse – ce qui, au vu du nombre infini de dimensions possibles, est fort probable –, vous ne devriez pas ressentir de bouleversement majeur dans votre vie. Pas de pilule rouge, pas de réveil à la Néo dans une cuve de liquide amniotique. Du moins, pas plus que ce que vos prédécesseurs ont ressenti en apprenant que l’Univers était né il y a 13,8 milliards d’années d’une gigantesque explosion – alors que les implications métaphysiques de cette découverte sont tout bonnement vertigineuses.
Si nous vivons effectivement dans une projection holographique, en revanche, une foultitude de théories similaires pourraient soudainement être étudiées de près, comme celle du cerveau holonomique de Karl Pribram, qui stipule que la mémoire fonctionne également selon un principe de projection holographique. Bref, une bonne occasion de se mettre à réfléchir au-delà des limites imposées par la perception.