Selon une étude scientifique, le protoxyde d’azote diminuerait les effets d’un choc traumatique… comme ceux induits par le visionnage du film de Gaspar Noé, Irréversible.
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Il existe quelques films dans l’histoire du cinéma dont la violence est telle qu’elle traverse la rétine, remonte le nerf optique à toute vitesse et vient finalement laisser une marque imperméable au temps sur une paroi de la mémoire. Le bien nommé Irréversible, de Gaspar Noé, est de ceux-là, répugnant par la banalité de sa violence, par le portrait monstrueux qu’il dessine de l’être humain, et à la fois unique et nécessaire pour la confrontation intime au mal qu’il propose. Qui n’a pas mal dormi après ce film, se repassant en boucle la séquence interminable du viol de Monica Bellucci ? Si c’est le cas, bravo, vous avez vécu un minichoc traumatique.
Début mars, ce film tourné en 2002 a à nouveau fait parler de lui dans un cadre totalement inattendu : la recherche scientifique. Une étude, parue dans le journal Psychological Medecine, a soumis un groupe de patients au visionnage d’Irréversible avant d’administrer à certain des traumatisés, une fois le film terminé, une certaine dose de protoxyde d’azote ou, en d’autres termes, du gaz hilarant. Par rapport au groupe test, les patients exposés au protoxyde d’azote ont mis beaucoup moins de temps à chasser de leurs têtes les séquences les plus insoutenables du film.
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Le protoxyde d’azote, remède et poison à la fois ?
“Le lendemain du visionnage, le nombre d’ “intrusions” [l’émergence subite d’une image violente dans la tête, ndlr] ressenties par le groupe exposé au gaz avait diminué de moitié”, a expliqué le Dr Ravi Das, de l’University College de Londres, responsable de l’étude. “Par contraste, le déclin des intrusions a été beaucoup plus lent dans le groupe ayant reçu de l’air”, dont les membres ont continué d’être hantés par des flashs traumatiques jusqu’au quatrième jour après visionnage. Selon les chercheurs, “le protoxype d’azote perturbe un processus qui aide à créer des souvenirs permanents”. Et permet d’éviter de repenser, à n’importe quel moment de la journée, à l’agression sordide de Monica Bellucci.
Le problème, explique le chercheur, c’est que le protoxyde d’azote peut créer un sentiment de dissociation de la réalité, mécanisme d’urgence utilisé par le cerveau lorsqu’une personne est exposée à un traumatisme intense. Si la dissociation agit dans un premier temps comme tampon, et persuade le traumatisé de l’irréalité de l’événement vécu, il est aussi caractérisé lors des cas les plus graves de stress post-traumatique (le fameux “PTSD” américain, présent chez 20 % des vétérans de l’armée) et expose à des flashs de souvenirs plus intenses.
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Là réside l’intérêt de l’étude, souligne Science.Mic : en effet, le gaz hilarant est déjà régulièrement utilisé pour calmer des victimes de traumatismes, alors qu’il peut potentiellement aggraver le niveau de stress. Dans le cas d’Irréversible, ça ne serait pas beau à voir.