A la manière de l’erreur 404, qui indique qu’une page Internet n’existe pas, l’erreur 451 indiquera désormais qu’une page est censurée par un gouvernement.
Publicité
451 degrés Fahrenheit équivalent environ à 232 degrés Celsius. C’est aussi, selon feu Ray Bradbury, la température à laquelle le papier atteint le point d’auto-inflammation, c’est-à-dire le moment où un objet de papier -un livre, par exemple- se met à brûler sans être directement exposé à une flamme. Une propriété (pas tout à fait vraie) qui donne son titre à Fahrenheit 451.
Publicité
Le monolithe dystopique de Bradbury, paru en 1953 et devenu, comme 1984 ou Le meilleur des mondes, la pierre angulaire de toute bibliothèque d’adolescent vindicatif, décrit une société totalitaire dans laquelle des pompiers pyromanes pratiquent l’autodafé au lance-flammes sur des piles de bouquins subversifs. Symbole de la censure étatique depuis un demi-siècle, le nombre 451 est devenu, depuis une semaine, un nouveau code Internet.
Besoin d’une nouvelle norme
Similaire à la célèbre erreur 404, qui indique à l’internaute lorsque la page Web qu’il tente d’atteindre est indisponible ou inexistante, l’erreur 451 permettra désormais aux sites qui le souhaitent d’indiquer aux visiteurs lorsque leur page a été censurée par un régime autoritaire. L’idée, lancée en 2012 après la mort de Bradbury par un développeur canadien nommé Tim Bray, a finalement été acceptée et concrétisée par l’organisme de gestion des standards d’Internet, l’Internet Engineering Task Force (IETF).
Publicité
Jusqu’à présent, l’erreur 403 était la seule à apparaître pour signifier qu’un site était interdit d’accès. Ce qui signifie, techniquement, que le serveur refuse de transmettre les informations demandées. Pourtant, la censure gouvernementale n’obéit pas à la même logique puisque la requête de l’utilisateur est filtrée avant que celle-ci n’atteigne le serveur. La censure et l’erreur 403 sont donc, factuellement, deux mécanismes différents, d’où le besoin d’une nouvelle norme.
L’affichage de l’erreur 451 devrait être accompagné, précise Begeek, d’une explication par les autorités des raisons du blocage de la page, si ces dernières le souhaitent. Un manque de coercition qui pourrait pousser les gouvernements censeurs à obliger les responsables des sites à ne pas afficher l’erreur 451. En France, 87 sites sont toujours bloqués par le gouvernement au nom de l’état d’urgence.