Comment sauver la forêt tropicale, selon le directeur de l’ONG Cool Earth

Publié le par Jeanne Pouget,

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Pour Matthew Owen, directeur de Cool Earth, la protection de la forêt tropicale passe par des partenariats avec les personnes qui en dépendent. Entretien.

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Dans le cadre de notre collaboration avec Vivienne Westwood à l’occasion de la COP21 qui s’est achevée samedi, nous avons rencontré Matthew Owen, le directeur de l’ONG Cool Earth qui lutte contre la déforestation.

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Fut un temps où les forêts tropicales étaient de magnifiques étendues naturelles peuplées de végétation luxuriante. Aujourd’hui, elles disparaissent plus rapidement que jamais et nous sommes les seuls responsables de cette situation.

Les forêts tropicales fournissent 20% de notre oxygène et ont également le pouvoir d’absorber les émissions de CO2. Mais nos pratiques destructives ont des effets néfastes sur leurs écosystèmes, qui sont très sensibles.

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Konbini | Pourquoi sauver la forêt tropicale représente un enjeu considérable aujourd’hui ? 

Matthew Owen | La réalité du changement climatique ne doit plus être remise en question. C’est bien réel et c’est en ce moment que ça se passe. Le changement climatique est le défi le plus urgent auquel notre monde fait face aujourd’hui. Cette destruction de la forêt joue un rôle majeur dans ce changement, car elle représente 21% des émissions de CO2.

Conserver la forêt tropicale est le moyen le plus simple et le moins onéreux d’atténuer le changement climatique. Malgré cela, nous détruisons les forêts tropicales du monde à un rythme plus effréné que jamais.

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“1,6 milliard de personnes gagnent leur vie grâce aux forêts tropicales”

Pouvez-vous expliquer dans quelle mesure cette destruction affecte les peuples indigènes qui vivent dans ces forêts ?

La forêt tropicale n’est pas un Eden vide. Elle abrite 350 millions de personnes. Des gens qui vivent dans la forêt depuis de nombreuses générations, et qui en dépendent pour tout, l’alimentation, l’habillement, les remèdes, l’eau ; c’est leur identité toute entière. En tout, 1,6 milliard de personnes gagnent leur vie grâce aux forêts tropicales. Et une personne sur dix dans le monde dépend de leurs ressources.

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Mais les autochtones qui y vivent ne sont pas simplement victimes de la déforestation. Ils sont aussi les seuls capables de sauver la forêt tropicale. Ils ont toujours été ses protecteurs les plus efficaces.

C’est pour cette raison que tous nos partenariats commencent avec des villages établis dans la forêt tropicale et avec les personnes qui y vivent.

Comment faites-vous pour mettre un terme à la déforestation ? 

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Nous travaillons dans les zones où la forêt est la plus menacée, sur le point de subir une déforestation intensive. Chaque partenariat se crée avec des villages dont les foyers sont les prochaines victimes de la destruction.

Nous travaillons seulement avec des villages qui nous approchent et ce sont eux qui prennent en charge le partenariat. Un village détermine ce dont il a besoin et comment les fonds peuvent être répartis, entre le nettoyage des eaux, la mise en place d’une nouvelle formation pour les sages-femmes et la construction de moustiquaires. Une meilleure santé, une meilleure éducation et un meilleur gagne-pain, tout cela permet de protéger la forêt.

En mettant en place des communautés qui gagnent leur vie, on fait en sorte qu’elles gagnent plus en protégeant la forêt qu’elles pourraient gagner en la détruisant. Nous avons de plus en plus de projets grâce au bouche-à-oreille, car les villages voisins nous demandent de les aider. Comme les villages sont liés les uns aux autres, ils forment une sorte de bouclier qui protège des millions d’acres de forêt.

“Ne prenez pas de cocaïne… Pensez à l’origine des produits que vous achetez”

Quelles mesures concrètes peut-on prendre pour protéger la forêt tropicale ?

Il faut parler de l’importance de la forêt tropicale. Partagez des informations sur Internet. Ne consommez pas de cocaïne. Pensez à l’origine des produits que vous achetez. Faites des dons à des organisations caritatives qui, comme Cool Earth, empêchent la déforestation de la forêt tropicale et luttent contre les émissions de gaz à effet de serre.

Les groupes Effective Altruism et Giving What We Can ont fait une étude sur les organisations les plus efficaces auxquelles il faudrait faire des dons si vous voulez réduire l’impact du changement climatique. Leur conclusion ? “La manière la plus simple et la plus efficace pour réduire votre empreinte carbone, c’est de donner à Cool Earth”.

“Utilisez votre voix… Nous croyons à l’incroyable pouvoir du peuple”

Quels sont les obstacles qui nous empêchent de protéger les forêts tropicales aujourd’hui ? Qui bloque ce processus ?

Avec ces conférences et cette bureaucratie, rien de suffisant n’est fait sur le terrain, où que ce soit. Leur approche traditionnelle de la conservation, qui consiste à créer des réserves et des clôtures, et leurs solutions implacables comme “pas d’habitants = pas de destruction”, n’ont pas fonctionné.

C’est pour cela que Cool Earth a pensé à un autre modèle. La seule manière d’arrêter la destruction, c’est de confier le futur de la forêt tropicale aux personnes les mieux placées pour la protéger. Ce qui signifie : placer les forêts dans les mains des personnes dont la survie dépend.

Avez-vous un slogan pour encourager la jeune génération à rallier cette cause ?

Faites entendre votre voix.

Pensez-vous que la protection de la forêt tropicale est en bonne voie ? Êtes-vous optimiste ?

Nous pensons que la forêt tropicale peut être sauvée. Nous pensons que les peuples qui y vivent et les personnes qui les soutiennent ont un pouvoir incroyable.

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.

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