En Tunisie, le mariage d’une ado de 13 ans enceinte d’un proche fait scandale

Publié le par Bérénice Rebufa,

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Selon le code pénal tunisien, une personne ayant “fait subir sans violence l’acte sexuel à un enfant de sexe féminin âgé de moins de 15 ans accomplis” est condamnable à 6 ans de prison. En revanche, “le mariage du coupable avec la victime […] arrête les poursuites”. C’est cette loi qui, dans la région du Kef (Nord-Ouest du pays), a conduit au mariage d’une jeune fille de 13 ans avec l’homme qui l’a mise enceinte .

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Malgré l’indignation des associations de protection de l’enfance, le porte-parole du tribunal de première instance du Kef, Chokri Mejri, estime que l’adolescente n’a pas été violée. Il a également ajouté : “Nous avons entendu la fille et après vérification de tous les détails, nous avons considéré qu’elle était apte au mariage. La preuve, elle est enceinte.”

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Des propos complètement absurdes qui semblent venir d’un autre âge. C’est apparemment le frère de ses deux beaux-frères qui aurait mis la jeune fille enceinte. “Les deux familles ont demandé le mariage pour ne pas faire scandale”, a expliqué le porte-parole.

“À 13 ans, on ne peut pas donner un consentement libre et éclairé”

L’accord de la justice pour cette union a été donné le 1er décembre et le contrat de mariage a été signé le 5. Face à cette histoire sordide, la protection de l’enfance a aussitôt réclamé l’annulation du mariage, qualifiant le marié de “violeur”. “La décision de justice n’a pas tenu compte de l’intérêt de cette enfant, qui va en plus se marier avec son violeur”, a ainsi déclaré Houda Abboudi, responsable de la protection de l’enfance dans la région du Kef.

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Pour cette dernière, le mariage de la victime avec son “agresseur” constitue “une violation de son intégrité physique et mentale”. “Des juges considèrent qu’à l’âge de 13 ans, comme elle est pubère, elle est consentante. Or à 13 ans, on ne peut pas donner un consentement libre et éclairé, d’autant plus qu’il n’y a pas d’éducation sexuelle à l’école”, explique Monia Ben Jemia, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates. Elle réclame aujourd’hui l’abrogation de l’article 227 bis du code pénal tunisien, qui autorise ce genre d’arrangement.

Une fête pour le mariage devait être célébrée le week-end dernier. La famille a préféré annuler l’événement en raison du scandale suscité par l’affaire. Un projet de loi contre les violences faites aux femmes est toujours en examen, depuis 2014, au Parlement. On espère que ce scandale donnera un petit coup d’accélération à la justice tunisienne pour empêcher ce genre de mariage à l’avenir.

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