Deux longues années s’étaient écoulées depuis que les gars de Rammstein, les rois du metal industriel, n’avaient pas traversé le Rhin pour venir jouer chez nous. Le week-end dernier, ils ont remédié à cela avec deux concerts exceptionnels qui ont rempli la U Arena (aka Paris La Défense Arena), ce qui représente 80 000 personnes sur deux jours. Si des rumeurs circulaient sur une séparation entre Till Lindemann et sa bande de joyeux lurons, le groupe a prouvé qu’il n’en était rien en sortant, le 17 mai dernier, un nouvel album, sobrement intitulé “Rammstein”. Ce nouvel opus a notamment été mis en avant par une chanson et un clip pour le moins polémiques.
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Les fans français (mais aussi anglais et allemands) étaient au rendez-vous ce samedi 30 juin, et ce n’était pas la température caniculaire qui allait affecter notre motivation. La plus grande salle d’Europe était comble, avec quatre gigantesques murs d’enceintes et une étrange scénographie évoquant un orgue magistral. Après avoir pris une bière (tradition oblige), je me suis rapidement dirigé vers le devant de la scène.
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Avant le début des hostilités festivités, deux jeunes artistes françaises se présentent à nous, sur un îlot au milieu de la fosse : le Duo Játékok. Les deux pianistes font des reprises de Rammstein, et le résultat est étrangement très satisfaisant, même si on aurait apprécié un petit boost de son pour en profiter pleinement. Mais il n’en faut pas plus pour que, en compagnie de mes futurs amis de pogo, je commence à m’échauffer la voix sur des “Du hast” repris en chœur par le public.
Explosion, feuer und schaum
J’assiste au début du concert bien devant, à côté de sympathiques fans. Deux d’entre eux, qui étaient au concert de la veille, m’annoncent que “ça va chauffer” – ils ne pouvaient pas être plus dans le vrai… Les premières notes retentissent, suivies d’une immense détonation pyrotechnique qui fait sursauter la foule entière, à l’exception de mes deux nouveaux compères, qui rient de notre surprise.
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Enfin, la double pédale du batteur Christoph Schneider retentit et cette grande cérémonie de metal peut commencer avec l’arrivée en fanfare du charismatique Till Lindemann. La suite du concert se déroule à merveille. Il y a presque un côté solennel dans la façon avec laquelle le groupe interagit avec son public. J’oublie la chaleur ambiante (et mon T-shirt) et me dirige rapidement vers le centre du pogo, bien décidé à perdre toute l’eau de mon corps.
Mais ce n’est pas que les corps de métalleux torse nu qui provoquent toute cette chaleur. En effet, un concert de Rammstein, c’est avant tout le feu, littéralement. Les flammes surgissent à intervalles réguliers sur de nombreux titres, comme “Zeig Dich” ou l’inoubliable “Du Hast”. Puis, pour “Mein Teil”, c’est au tour du claviériste Christian Lorenz de tomber dans une marmite (tel Obélix quand il était petit), tandis que Lindemann tente de le cuire au Flammenwerfer. Le chanteur finit par braquer directement son immense lance-flammes sur son musicien protégé par une combinaison ignifugée.
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Entre les canons de feux d’artifice et les halos enflammés, j’en oublie presque la température ambiante des corps amassés devant la scène et je comprends beaucoup mieux la mise en garde entendue au début du concert. Pour “Puppe”, un gigantesque landau est enflammé sur scène. L’opération est filmée par les lunettes-caméras du chanteur et retransmise sur un écran. Enfin, un étrange canon à mousse de forme phallique vient “laver” les crasseux hystériques que nous sommes, ce qui nous offre un petit rafraîchissement bien mérité après ces circle pits, ces slams et ces pogos infernaux (mais toujours bienveillants).
La messe endiablée
La scénographie de Rammstein est encore une fois parfaitement maîtrisée : de la pyrotechnie aux décors, en passant par les gadgets et les phases purement musicales, il y en a pour tous les goûts. J’ai l’impression d’assister à une étrange cérémonie religieuse (sectaire ?) en allemand, dans laquelle le pape Lindemann nous pousse jusqu’à l’épuisement, lui qui n’a rien perdu de sa magnifique voix rocailleuse.
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Au milieu du show, nous avons droit à un grand moment de musique, au cours duquel le claviériste se place tout en haut d’une espèce de tour. En bas, une chorégraphie avec des néons nous est offerte sur des rythmes techno-metal endiablés qui annoncent l’arrivée du titre polémique “Deutschland”, repris à l’unisson par la foule : “Deutschland über allen !” Enfin, le groupe s’éclipse un court moment pour revenir pour un rappel, tel des apparitions diaboliques, sur le petit “ring” du milieu de la fosse. Le groupe est accompagné du Duo Játékok pour chanter avec le public son mythique “Engel”, avec les paroles s’affichant sur un écran.
Enfin, le groupe renoue avec les vieilles traditions en “naviguant”, porté par la foule, dans d’immenses canots pneumatiques, avant de revenir sur scène et de finir en beauté avec, entre autres, l’explosif “Ausländer”. Je ressors, heureux, fatigué, et en ayant perdu environ 8 litres de transpiration. La salle est méconnaissable et emplie de fumée. C’est d’ailleurs peut-être le seul défaut de cette incroyable mise en scène : elle est probablement prévue pour l’extérieur. L’absence d’écran géant est aussi à noter, notamment pour les places assises, mais nul doute que le son a réussi à faire vibrer n’importe quel fan de metal industriel.
Rammstein est revenu et je n’en attendais pas moins.
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