En images : le photographe Niels Ackermann raconte la génération Tchernobyl

Publié le par Juliette Geenens,

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Une jeunesse désabusée qui vit le moment présent

Le photojournaliste suisse Niels Ackermann a passé trois ans auprès des jeunes de Slavoutytch. Il en est revenu avec une multitude de photos et autant d’histoires à raconter. De ce voyage, il a publié un livre aux éditions Noir sur blanc, intitulé L’Ange blanc. En 2010, Niels, basé en Europe de l’Est, voulait étudier une ville bâtie à cause de l’accident de Tchernobyl. Contacté par Konbini, il raconte :

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“J’avais commencé travailler sur une ville nouvelle en Crimée qui n’est jamais vraiment sortie de terre. Du coup j’ai cherché d’autres villes construites sur des décisions arbitraires de ce type, en Ukraine, et c’est ainsi que j’ai découvert Slavoutytch. C’est son origine qui m’a intéressé : il y avait juste une forêt au départ. Et soudain, en un an et demi, cet endroit s’est transformé en une ville pour 25 000 habitants où, depuis 1988, pas grand-chose n’a changé… Une statue, un skatepark et un immeuble en plus.

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“Les quelques images que je trouvais sur Internet avaient l’air de dater de l’époque soviétique, mais, en fait, elles étaient très récentes. Slavoutytch est une vraie petite machine à remonter dans le temps. Elle est étonnamment propre, calme et reposante. Bien plus que le reste du pays.”

Pour Niels, l’intérêt de documenter la vie des jeunes de Slavoutytch réside dans leur mode de vie, en total décalage avec la jeunesse occidentale. Selon le photographe, ils vivent plus vite que les Suisses du même âge. Il explique au quotidien suisse, Le Temps :

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“Ils ont un rapport au futur assez différent. En Suisse, les adolescents sont très optimistes face à l’avenir, pourtant, ils essaient de s’en protéger, avec des assurances et les épargnes… Cette volonté de se protéger de chaque danger nous rend allergiques au risque. L’histoire récente de l’Ukraine n’a pas apporté de bonnes choses à ses habitants. Le jeunes Ukrainiens n’attendent pas grand-chose du futur, ils vivent plus dans le présent, profitent plus de ce qu’ils ont à cet instant T. Ils savent qu’il trouveront un moyen de se débrouiller, plus tard.”

“On meurt plus de la drogue et de l’alcool que de la radioactivité”

Niels a fréquenté un groupe de jeunes pendant trois ans, entre 2010 et 2013. Parmi eux, Yulia ou encore Kiril. Niels était toujours là, derrière son appareil photo, tandis que ceux qu’il photographiait vivaient leur vie, sans vraiment se préoccuper de lui. Dans son portfolio publié par Le Temps, il explique que tous avaient compris pourquoi il était présent, à ce moment, parmi eux.
Il voulait faire un état des lieux de cette jeunesse, comprendre comment une catastrophe, comme celle de Tchernobyl, peut avoir un tel impact sur le futur de jeunes gens qui n’ont rien demandé à personne. Parmi ses souvenirs, Niels mentionne celui qui l’a le plus marqué : le jour où Kiril l’emmène voir la tombe de son meilleur ami, tombé d’un balcon pendant une fête :

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“Il m’a montré quelques autres tombes, a fait une pause et m’a dit : ‘À Slavoutytch, on meurt plus de la drogue et de l’alcool que de la radioactivité.’ Son propos m’a fait réaliser la chance que j’avais.”

“Je pouvais prendre mon temps et prendre le risque de ne pas rapporter d’histoires fausses. Cela m’a permis d’éviter de prendre des raccourcis comme cela se fait beaucoup dans la presse pour aller raconter des choses, dont on sait déjà comment elles fonctionnent. Là, j’avais la possibilité de laisser d’autres histoires venir à moi. Des histoires moins sensationnelles, mais plus représentatives de la réalité de cette ville.”