​En images : en immersion dans l’architecture brutaliste des banlieues parisiennes

Publié le par Thomas Andrei,

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“En 2010, je me baladais à Courbevoie quand j’ai découvert une petite ruelle qui semblait figée cinquante ans en arrière, la campagne au pied des tours de bureaux du quartier d’affaires de la Défense. L’endroit semblait irréel.
J’ai commencé à photographier un couple âgé avec lequel j’ai sympathisé. Leur jardin traditionnel présentait un contraste saisissant avec la skyline des gratte-ciels, rapprochant ainsi deux époques, deux modes de vie.”

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En plus de photographier ces quartiers, Laurent Kronental s’est intéressé à leurs résidents : ceux qui étaient là dès le début et les familles arrivées récemment, qui voient un futur et une potentielle source de bonheur dans le béton.

(Photo: Laurent Kronental)
© Laurent Kronental

Ces personnes âgées, ridées, qui vivent dans des bâtiments qui furent autrefois les emblèmes de la modernité, ont ému le photographe. Les médias ont l’habitude de souligner les problèmes sociaux qui émanent de ces quartiers et oublient souvent de mentionner qu’ils offrent aussi une sorte d’alternative à la vie de village. C’est précisément cet écueil que le photographe voulait éviter après avoir discuté avec ces gens. Il raconte :

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“Ces bâtiments ont été conçus pour régler les problèmes liés à la croissance démographique, à l’exode rural et à l’arrivée de migrants. Aujourd’hui, l’attention se porte sur la jeunesse, qui entretient souvent une indifférence et des préjugés à l’égard des aînés. Ces photos sont censées provoquer un choc, rappeler l’existence de ces êtres et de leurs problèmes.
Malgré leur regard mélancolique, ces aînés, grâce à leur posture digne et élégante, affirme leur combat contre l’âge et leur enracinement dans leur lieu d’habitation.
Dans ma série, ils sont les seuls à occuper un espace dont les jeunes ont été écartés. Ils ont reconquis un endroit qui ne leur était pas destiné en s’installant dans ces immeubles futuristes à l’époque.”

“Les séniors que j’ai rencontrés ne donnent pas l’impression qu’ils se posent des questions sur leur cadre de vie. Ils y sont liés par habitude et ne rêvent pas d’une autre vie, par exemple proche de la nature et loin de l’agitation de leur quartier.
Même s’ils avaient ce rêve, à leur âge, leur mobilité limitée, leurs revenus modestes, l’absence de réelle motivation et le fait qu’ils sont souvent veufs, tous ces facteurs sont des obstacles à un éventuel projet de déménagement.
Contents d’échapper à la maison de retraite, ils éprouvent au final un réel attachement pour leur univers qui incarne la possession et la liberté qui leur restent.”

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