Ces photos, qui mettent en scène des modèles nus confrontés à un gros plan sur une partie de leur corps, fait réfléchir sur la perception de soi.
Quelle image vous renvoie votre miroir ? Votre perception est certainement faussée, surtout si vous prêtez attention aux détails de votre corps. Non seulement les émotions jouent un rôle important dans la perception de soi, mais en plus, vous ne pouvez pas voir certaines parties de votre corps, ou du moins pas de près.
Personne n’est objectif face à un miroir. La perception de son corps est, par définition, “une image subjective de son apparence physique”. Nous ne nous en rendons pas compte, mais très souvent, ce que nous aimons le moins chez nous est ce qui nous rend unique, et attirant aux yeux des autres.
Ces dernières années, on nous a encouragé à accepter notre corps et des modèles qui ne répondent pas aux standards traditionnels de la beauté ont trouvé leur place dans les magazines et à la télé. Cependant, nous vivons toujours dans une société obsédée par l’apparence où l’on enseigne aux filles – mais aussi de plus en plus aux garçons – à se concentrer sur leur apparence dès leur plus jeune âge.
Pour la plupart d’entre nous, nous avons du mal à percevoir notre corps comme un tout et nous nous concentrons sur des petites parties que nous voulons changer. Comme si elle enquêtait sur la manière dont nous percevons notre corps, la photographe turque Meltem Işık a exploré ce phénomène avec sa série “Twice Into the Stream“. Elle a ainsi fait poser des personnes nues avec un tissu sur lequel est imprimé une partie amplifiée de leur corps.
Meltem Işık explore ainsi les thèmes de la perception et de la conscience de soi, mais se concentre aussi sur “la complexité qui émane de la capacité de notre corps à voir et être vu en même temps.” “Ce qui fournit la base du travail que je fais car j’utilise différents points de vue”, explique-t-elle.
Avec cette série, la photographe examine la connexion entre la perception de soi et celle des autres, entre la partie et le tout.
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“Pour moi, ce sont des pièces vivantes, qui respirent, et que je photographie et utilise en guise de documentation. Le travail a commencé avec l’impossibilité de se voir en entier sans l’aide de dispositifs externes.
Ce que nous pouvons voir avec nos yeux, c’est un corps sans tête, une vision restreinte de ce qui se trouve sous le cou, avec en plus la difficulté à se voir de dos. Observer le corps des autres m’offre la possibilité de réfléchir sur la manière dont je vois mon propre corps et dont je m’identifie à lui alors que je ne peux jamais le voir comme un tout.”
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Meltem Işık essaye également de véhiculer un message sur la personnalité des modèles : en regardant leur corps plutôt que l’objectif, ils se concentrent sur eux et laissent entrevoir la perception qu’ils ont d’eux-mêmes.
Ces photos sont, en un sens, des illusions d’optique. Les parties du corps grossies offrent une vision déformée de ces corps nus et permettent d’explorer comment la perception de soi est une construction de la réalité.
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.
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