En chinois, on parle de “danse de place” plutôt que de danse de rue pour qualifier ce phénomène omniprésent et très bruyant. Tellement bruyant que les jeunes générations se sont à plusieurs reprises mobilisées pour mettre un terme à ces “surprises-parties” géantes.
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“Ces vieilles troublent l’ordre public, elles n’ont aucune conscience des autres, elles empêchent nos enfants de faire leur devoir”, argumentent les détracteurs de ces vieux épicuriens.
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Plus d’une fois les échanges ont tourné au vinaigre entre riverains et “gangs de vieilles” qui se sont vues jetées des bonbonnes d’eau et d’ordures sur la tête et sur leur sono. Il faut dire que ce n’est pas agréable de se faire réveiller à 6 heures du matin par 65 décibels de “mandopop” (pop en mandarin).
En 2015 alors que ces petits conflits prenaient de l’ampleur, le bureau national du sport a émis des réglementations pour apaiser les plaignants tout en garantissant le droit inaliénable de danser à ces mémés prêtes à en découdre. Des standards ont été fixés, des chorégraphies (en vingt pas) approuvées et le volume sonore limité à 45 décibels.
La danse, c’est la vie
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Pourquoi la danse est-elle si vitale pour ces vieilles dames ? La réponse est dans le passé de ces femmes, qui, nées bien souvent entre les années 1940 et 1960 ont grandi au rythme des mobilisations politiques, des rassemblements massifs où l’on chantait et dansait à la gloire de Mao. Le groupe a toujours prévalu sur la vie individuelle.
Or depuis la libéralisation du pays, la société s’est atomisée au profit de la carrière et de la réussite personnelle. À cela s’est ajoutée l’angoisse du “nid vide” lors du départ de l’enfant unique du domicile familial ainsi qu’une piètre allocation retraite.
Dans ce contexte, ces rassemblements apparaissent comme une soupape de décompression pour les personnes âgées. Ils offrent à la fois un moment de socialisation et une occasion de faire de l’exercice, gratis, en plus.