“Il est malheureusement notable que de très nombreux dirigeants dans le monde développent une forme de paranoïa contre l’exercice légitime du journalisme […]. Le climat général de peur entraîne une haine croissante du débat et du pluralisme, un verrouillage des médias par des gouvernements en pleine dérive autoritaire et liberticide, l’emprise grandissante d’intérêts particuliers sur l’information dans le secteur privé.”
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La France perd sept places, l’Amérique passe derrière l’Afrique
Pour la cinquième année de suite, c’est la Finlande, bonne élève, qui occupe la première place, sur 180, suivie cette fois par le Pays-Bas et la Norvège. La France, quant à elle, perd sept places en un an, et se trouve à la 45e place. RSF dénonce un manque d’indépendance de la presse dans l’Hexagone à cause de la concentration de nombreux titres dans les mains de quelques grands groupes. Dans le viseur, Vincent Bolloré (groupe Canal+), Bernard Arnault (Le Parisien, Les Échos), Patrick Drahi (L’Express, Libération) et le trio Pierre Bergé-Matthieu Pigasse-Xavier Niel (groupe Le Monde).
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“Une poignée d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale.”
Certains pays ont connu une évolution notable, comme la Tunisie qui gagne 30 places, pour être 96e, grâce à une diminution du nombre d’agressions et de procédures envers les journalistes. Même constat pour l’Ukraine qui grimpe à la 107e place (+22), notamment grâce à l’apaisement du conflit. À l’opposé, on notera la chute de la Pologne à la 47e position (-29) en raison du musellement de la presse par le parti ultraconservateur “Droit et justice”. Les dernières places reviennent une fois encore, dans l’ordre, à la Chine, la Syrie, le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Érythrée.
Le rapport met notamment en évidence l’évolution de la liberté de la presse en Amérique, qui semble avoir nettement diminué cette année. Dans son analyse, RSF souligne d’un côté l’impact (notamment en Amérique latine) du crime organisé et des narcotrafiquants, et de l’autre la corruption et la mainmise parfois violente des États. Malgré la dénonciation de la cybersurveillance comme un “obstacle à la liberté de la presse“, les États-Unis gagnent 8 places, à la 41e position. Cela n’empêche pas pour autant le continent américain d’être pour la première fois derrière l’Afrique, même si la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient demeure l’un des régions les plus dangereuses pour les journalistes.
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