Écouter le nouveau titre d’Alt-J est sans doute l’activité érotique la plus discrète à pratiquer en public.
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Il est loin le temps où Alt-J n’était qu’un groupe décalé de hipsters tentant de remettre le triangle au goût du jour. Leur musique est la bande originale indispensable de 2017, comme le prouve le dernier extrait de leur prochain album Relaxer, qui confirme les soupçons qu’avaient fait naître le premier single “3WW” : Δ est devenu un groupe hautement érotique.
“Devour me, kiss me, dissolve me (dévore-moi, embrasse-moi, dissous-moi)” : les membres d’Alt-J supplie son public de se connecter avec eux, provoquant des réactions à des endroits que des guitares indies ont déjà tenté sans succès de toucher par le passé. L’expérimentation instrumentale tout en dextérité du trio musical britannique est sans doute le premier essai réussi du genre en la matière.
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Leur deuxième album, This Is All Yours, s’offre littéralement au public. La tension sexuelle qui s’était déjà invitée dans les titres “Fitzpleasure” (“In your snatch fits pleasure/broom-shaped pleasure” :”Dans ta chatte se glisse le plaisir, un plaisir en forme de balai”) et “Tesselate” sur le premier album atteint son apogée avec le titre “Every Other Freckle” (“Turn you inside out and lick you like a crisp packet” : “Te retourner et te lécher comme un paquet de chips”).
Ce plaidoyer pour le désir n’est pas une première pour Alt-J, mais ce qui était suggéré dans les albums précédents est maintenant un élément central. Résultat, leurs fans ont bien du mal à se contenir. Quelques minutes seulement après la sortie du single, les réactions à leur nouveau single “In Cold Blood” étaient pour le moins intenses :
Traduction :
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“Comment écouter les chansons d’Alt-J : 1) Éteindre la lumière. 2) Appuyer sur lecture. 3) Orgasme.
– J’ai arrêté le porno pour passer à ça.
– Ce truc, c’est ma nouvelle sexualité.”
Le titre comprend sa part habituelle de paroles cryptiques, mais flirte avec les auditeurs, à travers un appel sans équivoque qui résonne constamment : “Embrasse-moi.” Ils en veulent. La chanson monte en puissance et trouve son climax juste après une minute, avec le son retentissant et triomphant de la trompette. Ce n’est pas un euphémisme.
Tout au long de sa discographie, Alt-J a oscillé entre deux identités distinctes. D’une part le langage peu ordinaire que la groupe utilise déconcerte toujours son public, avec des paroles qui transcendent la poésie métaphorique. Par exemple, le vers “A canopy of red-billed quelea/passed over the blue” (“Une canopée de travailleurs à bec rouge a volé au dessus du bleu”) s’adresse clairement aux ornithologues distingués. D’autre part, une tonalité de luxure jaillit désormais ouvertement des textes. “Consommer”, “goûter”, “lécher”, “adorer”… Le langage de l’amour est chez Alt-J aussi viscéral que tactile.
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Le nom Alt-J fait référence au raccourci clavier utilisé pour le symbole Δ, le delta. Quatrième lettre de l’alphabet grecque, le delta est utilisé en science pour symboliser le changement ou la différence.
Deux concepts que le trio maîtrise plutôt bien en explorant l’expérimentation des genres à travers la folktronique et l’indie pop-rock, qu’il fusionne avec l’érotisme. Ce qui fait d’Alt-J un véritable ovni dans le classement généralement lisse des artistes les plus écoutés sur Spotify.
S’il fallait choisir une phrase pour représenter l’attrait magnétique et mystérieux d’Alt-J, ce serait probablement celle-ci, tirée du single “3WW” :“I just want to love you in my own language” (“Je veux juste t’aimer dans ma propre langue“), gémissent-ils.
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Écoutez “In Cold Blood” pour en avoir le cœur net. En espérant que vous ressentirez autant de choses que ceux qui l’ont fait avant vous.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet