Nous sommes en 2050. Les batailles de boules de neige entre sénateurs ont cessé et le réchauffement climatique fait enfin consensus. En même temps, difficile de le nier lorsqu’on a les pieds dans l’eau à peu près partout. À Manhattan, des taxis équipés d’une voile rigide sur le toit convertissent le vent en électricité et glissent dans des rues au pavé “intelligent” dans un chuintement.
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Les rues sont pleines de travailleurs freelance à temps partiel – comme prévu par Emmanuel Macron, l’éclatement du marché du travail et l’ubérisation ultra-libérale de l’économie ont rendu les carrières obsolètes – bardés d’implants cybernétiques, les yeux rivés à la réalité augmentée.
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Ces prédictions viennent d’un outil, Earth 2050, lancé le 1er mars par l’éditeur d’antivirus Kaspersky mais repéré la semaine dernière par Wired. En récoltant les prédictions d’un panel de futurologues mais aussi celles d’internautes, et en faisant voter les autres, puis en illustrant le tout via une interface interactive léchée, l’entreprise nous offre un aperçu passionnant des décennies à venir. Au vu de ce qu’on nous y propose, il est tout à fait légitime d’être légèrement flippé.
À Shanghai, l’agression visuelle omniprésente
Lorsque l’on entre sur le site Earth 2050, on est accueilli par un globe terrestre constellé d’hexagones blancs et jaunes qui sont autant de villes sur lesquelles des prédictions ont été faites. Pour les hexagones jaunes, ces prédictions se transforment en photos immersives à 360 degrés qui donnent un aperçu de ce que sera le quotidien de ces métropoles en 2030, 2040 et 2050. Puisque Paris n’a pas encore reçu le traitement de Kaspersky, explorons donc Barcelone. En 2030 et 2040, les voitures électriques sont partout et la skyline barcelonaise semble être devenue le rendez-vous de tous les prix Pritzker de la décennie écoulée, mais le tout est encore reconnaissable. C’est vers 2050 que ça se corse sérieusement, lorsqu’apparaît un vaisseau spatial en flottaison au-dessus du centre-ville, qui rappelle étrangement le District 9 de Neill Blomkamp. Progrès technique ou rencontre du troisième type ? Le texte qui accompagne l’image n’y répondra pas.
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En plus de Barcelone, d’autres villes valent le coup d’œil et offrent une perspective vertigineuse sur le futur de l’urbanité. Outre l’über-dystopie de Manhattan, Shanghai nous plonge dans un maelström de panneaux publicitaires obscènes, dont on ne sait plus s’ils existent IRL ou dans une réalité virtuelle, augmentée ou holographique, qui enjoignent de SOURIRE, tandis que les habitants communiquent entre eux par télépathie, rendant tangible le rêve de H. G. Wells, selon le créateur de cette “prédiction”, Anton Vodogreev. Voilà pour l’émerveillement.
Car à côté des gratte-ciel titanesques et des vaisseaux spatiaux, certains futurologues ont décidé de se pencher sur les conséquences du réchauffement climatique, et le résultat n’est franchement pas beau à voir. En 2050, l’Antarctique a été dépossédée de son statut de zone protégée et est devenue le nouveau Klondike pour l’extraction de matières premières, transformant l’espace glacé en plaines désolées. Dacca, au Bangladesh, est devenue une ville engloutie, selon les captures d’écran réalisées par Wired. Lorsque l’on s’y rend, c’est pour admirer – en scaphandre – les ruines submergées de ses avenues commerçantes. L’aspect réellement flippant : cette vision est conforme aux prédictions des Nations unies sur la montée des eaux. Si la mosaïque d’idées créée par la plateforme est encore embryonnaire, Earth 2050 propose néanmoins une perspective collaborative aboutie et intéressante, à laquelle tout le monde peut prendre part, futurologue ou pas. 2050, c’est demain, et au vu de ce qui s’annonce, il serait bon de commencer à y réfléchir.