Le projet Downtown Divas met en scène des femmes accros à l’héroïne qui racontent leurs envies, leurs rêves, leurs souvenirs et leurs espoirs dans une vidéo à l’esthétique de fashion films.
C’est un projet un peu risqué dans lequel se sont lancés deux réalisateurs. Les jambes sont fuselées et les ventres plats, mais à y regarder de plus près, ces modèles ne sont pas vraiment comme celles qui s’étalent dans les pages glacées des magazines. En reprenant tous les codes propres aux fashion films, les artistes Loral Amir et Gigi Ben Artzi ont choisi un sujet bien loin des paillettes et de la légèreté qui caractérisent ce genre de réalisations : l’addiction à l’héroïne.
Tourné en 16mm, Downtown Divas dresse le portrait de femmes originaires d’Europe de l’Est qui, accros à la seringue, se prostituent pour pouvoir se payer leur dose quotidienne. Mais justement, si les sujets du film sont des droguées sur lesquelles la vie semble avoir roulé plus d’une fois, la vidéo s’écarte très rapidement de l’addiction pour laisser place à ces filles : elles ne sont plus définies par la drogue mais par leurs envies, leurs rêves, leurs souvenirs et leurs espoirs.
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L’addiction laissée au placard
Assises à même le sol dans un studio photo, leurs membres osseux sont recouverts de vêtements de créateurs et leurs doigts et leurs cous ornés de bijoux. Avec honnêteté et une certaine assurance, elles se racontent. L’espace de quelques instants, l’addiction est laissée au placard, seule leur personnalité compte.
Avec ce projet “mode”, les deux réalisateurs ont souhaité réintégrer ces outsiders de la société en effaçant l’étiquette drogue qui les poursuit de manière quotidienne. Et le contraste entre la légèreté du monde de l’éphémère et le sérieux du sujet est assez étonnant, même si l’on peut regretter que la vidéo exploite tout de même certains des plus gros stéréotypes féminins.
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