Critiqué et raillé dès ses débuts, celui qui se fait alors appeler Bob Robertson est devenu au fil des ans la pierre angulaire d’un certain cinéma, crade et violent, lent et panoramique, ample et désertique, stylisé à l’extrême et conduit comme un opéra. Lui qui rendait d’abord hommage à ses influences américaines (John Ford, Delmer Daves, George Stevens), dynamita le genre du western, alors moribond, pour en donner une version pop et trash, plus proche de la réalité poussiéreuse du grand Ouest.
Mais pour quelques films réussis et certains disciples doués (Sergio Corbucci (Le Grand Silence,Django), Sergio Sollima (Colorado, Le dernier face à face), Enzo Castellari (Keoma), Giulio Petroni (Death Rides a Horse, D’homme à Homme) et Tonino Valerii pour Mon nom est Personne), il engendrera plus de 400 films, faits uniquement pour quelques poignées de dollars, entre 64 et 76. Il s’en voudra toute sa vie. Il réveillera par ailleurs les studios hollywoodiens qui relancent alors la machine à western au début des années 70.
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Des réalisateurs peuvent dire merci à Sergio Leone
Peckinpah lui doit son renouveau, de La Horde Sauvage à Junior Bonner en passant par Cable Hogue et Pat Garrett et Billy The Kid. Pollack se lance dans Jeremiah Johnson, Arthur Penn réalise Little Big Man et Missouri Breaks, George Roy Hill laisse son Butch Cassidy à la postérité. Mais le personnage de La Trilogie du dollar, ce cow-boy mutique et mystérieux, va renaître sous l’oeil de Don Siegel (pressenti alors pour Il était une fois la Révolution) dans Un shériff à New York en 1969.
Clint Eastwood est de retour aux États-Unis et continuera l’aventure Siegel avec Sierra Torride et Les Proies avant d’aller faire la loi dans Dirty Harry, version moderne du western. A son tour, Clint passera derrière la caméra et endossera son costume de cow-boy de L’homme des hautes plaines à Josey Wales, avant de boucler la boucle avec Pale Rider en 1985 et son chef d’oeuvre Impitoyable en 92.
Entre temps, le genre aura été tué deux fois : une première en 1973 dans Mon nom est Personne, Leone déglingue le mythe américain Henry Fonda pour le remplacer par la nouvelle génération italienne (Terence Hill). Une deuxième en 1976 : c’est encore Don Siegel qui enterrera le genre du western spaghetti dans Le Dernier des Géants, dernier film d’un certain John Wayne.
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Il était une fois en Amérique (Sergio Leone, 1984)
Depuis, le western vivote et quelques éclairs apparaissent de temps en temps (Danse avec les loups, True Grit, L’Assassinat de Jesse James, The Proposition, Blackthorne) avant que Tarantino ne s’empare enfin du genre avec toute la fougue, le talent et le respect qu’on lui connait (l’éblouissant Django Unchained).
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Bande-annonce de Django Unchained (Quentin Tarantino, 2013)
L’apport conséquent de Ennio Morricone
Mais difficile de parler de Leone sans parler d’Ennio Morricone (qui fera huit films avec lui). De cet homme qui changea à jamais l’utilisation de la musique dans un film, Leone dira d’ailleurs :
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Ce n’est pas mon compositeur, c’est mon scénariste.
L’alchimie entre ces deux là a donné les plus belles images et les meilleurs moments de notre cinéphilie. Il n’y aura jamais assez de mots pour décrire l’impact de leur oeuvre commune. Si ce n’est que le 7e art se divise en deux catégories : les génies (une poignée) et les autres (tous les autres).
Article écrit par Fabrice Bonnet.