Il y a 10 ans, Eminem renaissait de ses cendres avec Recovery

Publié le par Guillaume Narduzzi,

Le septième album du rappeur de Detroit fête son dixième anniversaire. Retour sur le jour où Eminem a décidé de devenir sérieux.

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Nous sommes le 18 juin 2010. Eminem a signé un retour en demi-teinte un an plus tôt avec Relapse. Si le disque, sombre au possible et particulièrement audacieux, est une belle réussite artistique, il a pourtant bien du mal à trouver des fans, tant chez la critique que chez le grand public – malgré quelques tubes évidents.

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Il faut dire qu’après Encore, paru en 2004, Slim Shady a connu une véritable descente aux enfers. La célébrité devient pesante, les tournées éreintantes. La disparition de son ami Proof, membre de D12, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, comme le dit l’adage. Eminem connaît alors des passages compliqués dans sa vie personnelle : dépression, dépendance aux médicaments, problème de santé, prise de poids et ensuite cure de désintoxication.

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Avec Relapse, le rappeur iconique de Detroit amorce la première étape de son come-back. On y retrouvait alors un artiste inspiré, avec son débit de mitraillette reconnaissable entre mille, son autodérision et son écriture acerbe. Tout ce qui constitue son ADN musical fondamentalement.

Mais ce retour devait alors s’effectuer avec un deuxième album consécutif : Relapse 2. Il n’en sera rien, puisqu’après avoir enregistré de nombreux morceaux, notamment en compagnie de son acolyte Dr. Dre, Eminem décide de renommer ce nouveau projet ; celui-ci s’intitulera Recovery.

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Le véritable album du retour d’Eminem

L’album paraît finalement le 28 juin 2010, soit trois jours après Thank Me Later de Drake. Le premier single, paru quelques semaines plus tôt, n’est autre que l’étonnant “Not Afraid”. Ce morceau synthétisait alors la direction artistique qu’Eminem avait choisie pour son disque. Fini les clashs, le trash, l’absurde. Plus besoin de faire semblant, Eminem a perdu le sourire depuis quelque temps. Il a plein de choses sur le cœur qu’il est grand temps d’évacuer. Pour la première fois de sa carrière, l’artiste a décidé d’être sérieux – le temps d’un album du moins.

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Pour Recovery, Eminem mise davantage sur l’émotion que la performance pure et dure. Il n’hésite pas à aborder de manière frontale des sujets tabous, comme pouvaient l’être sa guérison (d’où le nom de l’album, bien entendu), l’angoisse ou encore les relations amoureuses. En résulte ce qui demeure certainement son album le plus intimiste, et donc le plus touchant. Il s’agit tout simplement de la déclinaison pop de Relapse.

Il laisse entrevoir des failles que le public lui ignorait, ou plutôt souhaitait lui ignorer. Slim Shady a décidé de tomber le masque. Une nouvelle facette du rappeur qui apparaît alors fragile, comme s’il était encore en rétablissement. De par son statut de star internationale, il se retrouve coincé dans une maison de verre – comme le montre la pochette alternative – et observe le monde sans véritablement interagir avec lui. 

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Si l’on ne doute à aucun moment de la sincérité du projet, Eminem veut aussi rebondir rapidement après l’accueil mitigé de son dernier projet. Le Rap God doit rattraper le temps perdu, quitte à aller trop vite. L’album est parfois plus rock, parfois plus pop, que ce à quoi nous a habitués B-Rabbit. Recovery a clairement une ambition mainstream.

La tracklist, comprenant des featurings avec Rihanna, Lil Wayne ou encore P!nk sur le projet, est là pour le prouver. Les nombreux producteurs aussi ; outre Dr. Dre, on retrouve également Just Blaze, Alex da Kid, Boi-1da, Jim Jonsin, DJ Khalil, Mr. Porter ou encore la moitié de Mobb Deep, Havoc, dans les crédits de Recovery. Un choix qui va déstabiliser certains de ses fans historiques, mais surtout en séduire beaucoup d’autres.

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Un des albums les plus populaires de la décennie

Le second single promu en plein été 2020, et son clip dans lequel apparaissent notamment les acteurs Megan Fox et Dominic Monaghan, est un featuring avec Rihanna. Intitulé “Love The Way You Lie”, le morceau produit par Alex da Kid est un carton aux quatre coins de la planète, et vient même récemment de dépasser les deux milliards de vues sur YouTube. Aujourd’hui encore, c’est l’un des titres les plus populaires d’Eminem. Un succès tel que, quelques semaines plus tard, la chanteuse originaire de la Barbade lui offrira une suite sur son album Loud – lui aussi immense réussite commerciale. 

De ce point de vue-là, Eminem a de nouveau réussi son pari. Même s’il semble parfois comme aseptisé, presque fade, le rappeur n’a jamais autant été plébiscité par un public aussi large. Les titres sont calibrés pour la radio et connaissent un succès retentissant. Cet album mainstream au possible est loin d’être son meilleur, mais l’important semble ailleurs : Eminem a repris goût à la musique.

En cela, Recovery est un album charnière de la carrière de Slim Shady. Celui qui signe son véritable retour aux sommets (des charts), et marque le tournant de sa carrière solo puisque les projets qui suivront – à l’exception peut-être de son très bon side project Bad Meets Evil avec Royce Da 5’9″ – seront imprégnés de cette volonté de plaire au grand public. 

Eminem bouclera même cette trilogie, commencée avec Relapse en 2009, grâce à son album Revival sorti en 2017. Loin des standards de The Marshall Mathers LP, The Eminem Show ou même The Slim Shady LP. Pourtant, Recovery reste l’un des disques les plus appréciés du public au cours des années 2010 et s’est classé numéro un des charts un peu partout dans le monde entier au moment de sa sortie.

En 2017, le projet a carrément dépassé la barre des quinze millions d’albums vendus à l’international. Cet immense succès commercial est même accompagné d’un succès critique, avec plusieurs Grammy Awards raflés au passage. La suite, tout le monde la connaît. La machine est repartie, forcément plus rouillée qu’à ses débuts, certes, mais avec toutefois de très beaux restes.