La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), chargée d’éplucher toutes les dépenses des candidats à l’élection présidentielle de 2017 afin de les approuver, de les approuver en émettant des réserves (ce qu’on appelle les “réformer”), ou de les rejeter, a rendu publiques ses décisions aujourd’hui. Marine Le Pen est à la fois la grande gagnante et la grande perdante.
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En effet, 10 691 775 euros vont lui être remboursés, c’est-à-dire le montant maximum prévu pour les candidats ayant accédé au second tour du scrutin présidentiel. Néanmoins, 827 017 euros, qui correspondent aux “réformations” effectuées par la Commission, ne seront pas comptabilisés. Et il s’agit de la rectification la plus importante parmi les onze candidats − la plus faible concernant Nathalie Arthaud, avec 2 116 euros.
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D’après le quotidien Le Monde, des “irrégularités significatives” ont été observées sur ces sommes. La candidate aurait emprunté 11,795 millions d’euros au FN ainsi qu’à Cotelec, le microparti de Jean-Marie Le Pen, mais ces prêts auraient été contractés avec des intérêts, or la Commission a visiblement décidé de ne pas tenir compte de ces intérêts.
Marine Le Pen a publié un communiqué de presse pour annoncer qu’elle attaquait Le Monde en “diffamation” après l’utilisation de l’expression “irrégularités significatives”. D’après le Front national, “jusqu’au 31 décembre 2017, les partis politiques pouvaient en effet prêter avec intérêts aux candidats aux élections. Cette faculté était reconnue par le Conseil d’État.”
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Or cela n’est plus possible, “depuis l’entrée en vigueur de la loi ordinaire n° 2017-1339 du 15 septembre 2017, postérieure au dépôt des comptes de campagne de la présidentielle”, développe le FN.
Incompétence ou malveillance ? Dans les deux cas, @lemondefr commet une lourde diffamation à mon égard. Je les poursuis donc devant le tribunal correctionnel. MLP https://t.co/acb1YJoKws pic.twitter.com/6p0bwbTxvD
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 13 février 2018
Seulement 2 millions pour François Fillon
Enfin, on note que François Fillon est le moins bien remboursé de tous les candidats à la présidence de la République. En effet, sur les 10 millions d’euros qu’il a investis pour concourir, seulement 2 millions lui seront reversés. La somme restante provient de l’argent de la primaire de la droite et du centre, des fonds que la législation ne permet pas à l’État de rembourser.
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Vincent Chriqui, ex-président de l’association de financement de François Fillon, s’est dit complètement “satisfait” de cette décision. “Si on avait eu recours à l’État, les remboursements auxquels aurait pu prétendre François Fillon se seraient élevés à 8 millions. L’économie pour l’État est donc de 6 millions d’euros”, a-t-il expliqué au Figaro en concluant : “Grâce à la primaire, on a fait faire une économie significative à l’État !” – tout en omettant de préciser combien l’embauche de Pénélope Fillon à un poste fictif d’assistante parlementaire aurait coûté à l’État…