“Catastrophique”, c’est ainsi que Cédric Villani qualifie le niveau des élèves français en maths. Pour tenter de remédier à cette épineuse question, le gouvernement avait fait appel au médaillé Fields Cédric Villani pour piloter une mission sur les mathématiques. Le député LREM de la 5e circonscription de l’Essonne et Charles Torossian, mathématicien et inspecteur général de l’Éducation nationale, ont publié ce lundi 12 février un rapport constitué de 21 mesures pour faire face au triste constat d’une trop grande “disproportion entre les moyens investis et les résultats”, rapport inspiré des modèles de Singapour ou de la Finlande.
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“[Le] poids symbolique [de cette matière] dépasse largement son poids réel”, explique M. Villani à l’Agence France Presse. Selon lui, cela entraîne un sentiment “d’autodépréciation très répandu, chez les élèves comme chez les adultes”. Dès l’âge de sept ans, certains enfants se disent déjà “nuls en maths”. Pour le mathématicien le plus médiatisé de l’Hexagone, l’objectif est de faire de l’enseignement des mathématiques une “priorité nationale”, car elle reste pour l’instant “une discipline anxiogène, une discipline qui fait peur”, expliquait-il sur LCP :
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- @VillaniCedric : "Les mathématiques sont une discipline anxiogène, une discipline qui fait peur, qui interroge" #PolMat pic.twitter.com/pyi9y5SjXP
— LCP (@LCP) 12 février 2018
Manipuler les objets
Si les consignes des deux hommes sont suivies, un module de “réconciliation” avec la matière sera donc proposé aux lycéens, explique l’AFP. Pour le mathématicien, “enseigner un cours de mathématiques, si on s’y prend bien, demain ça sera plus passionnant que ça ne l’a jamais été”. En plus de redonner le goût aux élèves d’apprendre et de pratiquer les maths, le but sera de remédier au “grand désarroi à tous les niveaux des professeurs, du primaire au secondaire, aux formateurs dans les écoles du professorat”, notamment en raison d’enseignants “issus de filières littéraires” et par conséquent mal à l’aise avec cette matière. Pour cela, une “formation continue en mathématiques des enseignants du primaire” sera développée. En outre, les professeurs pourront assister aux cours de leurs homologues “trois fois par an”, ce qui pourra permettre d’échanger et de partager les expériences.
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Grande nouveauté : la “manipulation d’objets réels ou virtuels”, d’objets “familiers et sensibles”, en utilisant par exemple des bâtonnets pour visualiser le calcul en même temps qu’on le pratique, permettant de rendre moins abstraite l’opération demandée. Pour cela, Cédric Villani et Charles Torossian préconisent de donner aux écoles un “équipement de base, accompagné de tutoriels”. Par équipements, ils entendent “jetons, cubes emboîtables, matériel de base 10, bouliers, réglettes colorées, planches à clous avec plastiques ou géoplans, mosaïques de formes géométriques, tangrams” ou encore des “solides à remplir avec de l’eau ou du sable”.
Ils suggèrent également que le “jeu” soit développé, sous toutes ses formes : échecs, jeux de cartes, de l’oie… pour “apprendre autrement”. Tout ce qui permet de stimuler “le raisonnement logique” devrait être présent dans les lieux de vie commune comme les CDI pour “faire vivre la culture mathématique et la mettre en valeur dans sa dimension ludique”.
En outre, le “calcul mental et intelligent” verra sa pratique “ritualisée” pour aider les élèves à développer les “automatismes” de base, nécessaire à la vie de tous les jours. En juin dernier, alors qu’il était en campagne pour les élections législatives, Cédric Villani avait expliqué à Konbini pourquoi selon lui “on n’a jamais vécu dans une époque aussi mathématique que maintenant”, arguant :
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“On utilise des algorithmes pour optimiser la production, ou bien pour préparer la médecine de demain, ou encore pour étudier le changement climatique. En fait, toutes les entreprises ou presque, tous les secteurs ou presque cherchent à recruter des mathématiciens et mathématiciennes.”
Konbini news avec l’AFP
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