À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution.
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Une coopération entre les Wachowski et Tom Tykwer ? Quand Matrix rencontre Cours, Lola, Cours, qu’est-ce que ça donne ? Je m’attendais à une production de science-fiction barbante, assommante. Bien mal m’en a pris : j’ai été conquis. Cloud Atlas est, selon moi et jusqu’à maintenant, le film le plus abouti de 2013. En trois mots : une pure merveille.
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Le point Cloud Atlas, monstre à trois têtes
En 2009, Tom Tykwer annonce sa volonté d’adapter le roman Cartographie des Nuages de David Mitchell, paru pour la première fois en 2004. Les droits ayant déjà été achetés par Andy et Lana Wachowski quelques temps auparavant, les trois cinéastes décident alors de réaliser le film collectivement, en écrivant eux-même le scénario.
Tout d’abord, faisons le point : Cloud Atlas n’est pas à proprement parler un film de science-fiction. Difficile de le mettre dans une case tant il explore des genres aussi différents que le thriller, l’anticipation, la romance, le film historique ou encore la comédie.
Côté réalisation, trois personnes derrière la caméra, c’est un défi. On ne peut malheureusement pas comparer leur travail à celui des frères Coen, le « réalisateur à deux têtes ». Chacun des cinéastes semble avoir apporté sa touche personnelle, notamment par l’entremise des acteurs : Hugo Weaving pour les Wachowski et Ben Wishaw pour Tom Tykwer.
Bénéficiant d’un budget de 100 millions de dollars, Cloud Atlas est d’une richesse impressionnante, que ce soit au niveau du scénario, de la narration, des personnages, de l’image, de la musique, des genres explorés, du montage (les flash-backs, les raccords) ou encore du message du film.
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Six films en un, liés par des détails
Cloud Atlas, c’est six histoires presque indépendantes (donc compréhensibles telles quelles) mais reliées par des éléments aussi divers que des personnages, des lieux ou des objets.
Vous aurez remarqué que dans certains scénarios, des détails peuvent aider à la compréhension de l’histoire ou à la confirmation de faits qui nous sont révélés plus tard. On pense à Shutter Island ou Inception. Dans Cloud Atlas, pas de signification directe pour le spectateur, mais certains éléments illustrent les liens qui unissent les différents espaces temps, qu’ils soient des objets (les dents, entre les mondes 1 et 4), des lieux (le château, entre les mondes 2 et 4) ou des thèmes (le cannibalisme, entre les mondes 1 et 5).
Chacun des personnages principal possède un point commun : une tâche de naissance en forme de comète, qui pourrait représenter leur personnalité, le « même » combat qu’ils mènent.
Le combat d’un individu contre une réalité
Les six histoires qui s’attardent chacune sur un personnage ont lieu à des époques différentes :
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- 1849 – Adam Ewing : un jeune avocat de San Francisco découvre l’horreur de l’esclavage à l’occasion d’un voyage sur les îles Chatam.
- 1936 – Robert Frobisher : un musicien britannique homosexuel deshérité par son père se met au service du célèbre compositeur Vyvyan Ayrs, afin de reconquérir la réputation qu’il a perdue.
- 1873 – Luisa Rey : une journaliste afro-américaine enquête sur une affaire de réacteur nucélaire. Aidée de deux employés de Seabord Corporation, Luisa Rey va tenter d’éclaircir une histoire complexe mêlant meurtres et enjeux économiques.
- 2012 – Timothy Cavendish : poursuivi par des gangster à cause de ses dettes, l’éditeur de 65 ans se voit jouer un mauvais tour par son frère, à qui il demande de l’argent.
- 2144 – Sonmi 451 : une clône qui travaille à Papa Song’s – un restaurant à Neo Seoul – se voit interroger par un Archiviste avant son éxecution. Elle raconte alors comment elle a rejoint les rangs de la Résistance.
- 106 années après la Chute – Zachry : alors qu’il reçoit la visite de Meromym – représentante d’une tribu plus avancée – Zachry est confronté aux attaque de Kona, le chef d’une tribu violente, qui terrorise la vallée. (on ne compte pas la 7ème histoire qui n’est autre que la sixième quelques années plus tard).
On peut d’ailleurs trouver un thème commun à ces six histoires la lutte d’un individu pour dénoncer l’injustice ou faire éclater la vérité. La filmographie de Andy et Lana Wachowski résonne, de Neo qui se battait contre la matrice à Speed Racer qui se bat contre un PDG corrompu.
Même si cela semble complexe à première vue, Cloud Atlas est à la portée de tous et ne se veut ni élitiste, ni intellectuel. C’est en partie ce qui explique son flop au box-office, aux États-Unis comme en France (seulement 10 millions de dollars de recettes à son premier week-end d’exploitation dans les salles américaines, et seulement 202 952 entrées à sa première semaine en France, soit quatre fois moins que Le Monde Fantastique d’Oz). Sa durée et son apparente complexité ont dû décourager plus d’un spectateur.
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Past, Present and Future
Au casting, on retrouve Tom Hanks, Halle Berry, Ben Wishaw, Jim Broadbent, Hugh Grant, Hugo Weaving, Jim Sturgess, et Donna Bae. La particularité du film est que chaque acteur a plusieurs rôles pour plusieurs personnages. Il est également intéressant de noter les relations qui unissent chaque acteur (les personnages n’ont rien à voir d’une époque à l’autre) et leur évolution. Cinema Blend a ainsi réalisé une infographie :
Les dix premières minutes du film nous en mettent plein la vue, et chose assez surprenante, l’équipe réussit à garder un rythme soutenu, aidée par un montage assez efficace. Il est « difficile » dans un premier temps de comprendre où les trois réalisateurs veulent nous emmener. L’histoire semble confuse mais la mise en scène, le montage et la narration contribuent à notre bonne compréhension des évènements.
Chez les Wachowski, on est bien sûr habitué à une image travaillée (que ce soit dans les Matrix ou dans Speed Racer). En allant voir Cloud Atlas, on pouvait s’attendre à voir un film entièrement tourné sur fond vert, qui ne laisserait pas la place à des images plus authentiques, mais ce n’est pas le cas. L’impression d’avoir vraiment respecté chaque standard de ces « espaces temps » nous est donnée : de la science-fiction – à la fois très sobre et impressionnante – aux années 70 qui ont un rendu plus « neutre ».
Un mot sur le maquillage, qui est l’un des ciments de Cloud Atlas : c’est grâce à lui que le film a le sens qu’il a. Les transformations sont scotchantes et crédibles (le film fait d’ailleurs passer les maquillages de J. Edgar pour du travail d’amateur). Et les décors sont grandioses, que ça soit la ville Neo Seoul dans la partie science-fiction, les reconstitutions de San Francsico dans les années 70, ou les différents décors du XIXème siècle. Cela peut paraître étonnant mais le film n’est pas surchargé d’effets spéciaux.
Enfin, la voix-off dans Cloud Atlas a un rôle prépondérant : elle donne à la fois un rythme et sert de fil conducteur entre chaque espace temps. On assiste à Cloud Atlas comme si une fable nous été racontée, introduite par l’épilogue et achevée par le prologue. Une astuce de mise en scène de la part du trio de cinéastes.
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