Depuis quelques mois, les chatbots pullulent sur Facebook Messenger. Konbini a rencontré quelques jeunes français qui ont su surfer sur cette nouvelle vague.
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Pour les geeks du monde entier, la conférence Facebook F8 d’avril 2016 était à marquer d’une pierre blanche : les chatbots débarquaient dans le téléphone des 900 millions d’utilisateurs de l’application Facebook Messenger. À peine quelques mois plus tard, leur nombre a explosé pour atteindre plusieurs dizaines de milliers. Le principe est simple : aller sur la page Facebook qui vous intéresse (CNN par exemple), engager la conversation par le chat, voir une intelligence artificielle vous répondre avec pertinence et, surtout, avec un maximum de naturel. Fini les longues minutes d’attente au téléphone d’un SAV, le temps perdu à chercher une info sur un site Web : le chatbot signe la fin de tout intermédiaire avec le service, et centralise tout sur une seule plateforme, Messenger.
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Avant toute chose, on est forcément allé tester les chatbots les plus renommés et il faut avouer que l’expérience est plutôt cool, même si on n’atteint pas non plus des sommets d’intelligence artificielle. Entre le chatbot Kayak qui vous permet de trouver le vol le moins cher après à peine 5 messages échangés et Hello Jarvis, qui vous rappelle ce que vous voulez à l’heure demandée, on se rend vite compte de l’étendue des possibilités proposées par cette technologie. La Palme d’or du chatbot le plus génial mais complètement inutile revient à Memegenerator.bot, un petit bijou qui construit, pour vous, votre mème (du type “One does not Simply”) avec le texte désiré. Le futur est en marche, mais il y a encore du chemin à faire : très vite, on se rend compte que ces “bots” sont limités à leur tâche (peut-on vraiment leur en vouloir) et ne comprennent pas certaines formes de syntaxe. C’est justement sur ce point que les développeurs du monde entier travaillent, pour améliorer ensemble l’aspect humain des conversations.
Du business à l’engagement citoyen
La technologie derrière le chatbot est somme toute assez simple : le “bot” analyse les mots-clés écrits par l’utilisateur, les met en relation avec une base de données et ressort l’information demandée. Tout l’art de la chose réside donc dans le fait de rendre cette interaction la plus naturelle possible, le but étant à terme de simuler une conversation authentique entre deux humains. Facebook a rendu les codes de programme accessibles afin que chacun (enfin, il faut quand même pas mal s’y connaître en code) puisse développer son propre chatbot. Un mode de développement complètement open, en phase avec son temps, et dont tout le monde bénéficie. On sort de l’interface unique du Siri d’Apple pour permettre à tous de proposer son contenu, sans limites.
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Côté business, le principe séduit tout le monde, parce qu’il permet d’automatiser la relation client tout en proposant une expérience innovante à l’utilisateur. En un mot : le jackpot. “Quand tu es une entreprise, tu peux tout faire avec, c’est une nouvelle manière de communiquer”, nous explique Antoine Legendre, fondateur de l’agence Ux-Design.io, une start-up spécialisée dans le développement de chatbot pour Messenger. “Les gens sont beaucoup plus intéressés, ça donne un contact humain qu’on ne peut pas trouver à travers un simple site Internet. Ils veulent de la nouveauté et sont attentifs à ces nouveaux moyens de communication.” Cette technologie est donc née d’une rencontre entre la demande de simplification des entreprises et le goût pour l’innovation exprimé par leur public. Le “bot” représente également un soulagement pour les services clients, un peu comme s’ils embauchaient un SAV omniscient et hyper-compétent pour trier les demandes, ce qui laisse aux employés le temps de se concentrer sur des tâches plus importantes.
Actu, météo, marketing, santé, sorties… tous les domaines sont potentiellement concernés par le chatbot, et pas seulement dans un but mercantile. Car loin de proposer un monde où l’homme serait enfermé dans une relation univoque et commerciale avec la machine, et où la machine suffirait à répondre à l’intégralité de ses besoins, le chatbot permet de tisser du lien social. Aux États-Unis, le chatbot Raheem, actuellement en test, propose à ses utilisateurs d’engager la conversation pour parler du dernier contrôle de police qu’ils ont subi. Les créateurs du “bot” cherchent ainsi à emmagasiner un grand nombre de données (big data) pour analyser et traiter à la source le problème des discriminations lors de ces contrôles. Ces données pourront ensuite être exploitées par les pouvoirs publics afin d’apporter des solutions concrètes au problème et améliorer la relation entre la police et les citoyens. À peine 6 mois après sa sortie, la société civile s’est donc emparée de cette technologie pour en faire une arme citoyenne, basée sur le partage d’informations.
“Comme tout le monde a une voix sur Internet, on peut mutualiser nos expériences”
En France, les gars de La Bringue ont décidé d’investir dans un chatbot pour booster les audiences de leur site et rendre leur contenu encore plus accessible. En moins d’un an, ils se sont rapidement imposés comme un incontournable du référencement des soirées électroniques (principalement house/techno). Le principe est simple : une communauté d’utilisateurs actifs partagent ses bons plans pour les soirées à venir, puis l’équipe de La Bringue les centralise et les met en valeur sur son site. “Comme tout le monde a une voix sur Internet, on peut mutualiser nos expériences et nos recommandations. On joue simplement un rôle d’intermédiaire entre les gens !” En connectant un chatbot à cette base de données évolutive, ils fournissent l’outil idéal à n’importe quel mec qui souhaite trouver la soirée parfaite sans avoir à passer des heures sur les sites des clubs. Raphaël et Axel, les fondateurs du site, nous racontent leur réaction à la vue de la conférence Facebook sur les chatbots : “On s’est dit que c’était vraiment le meilleur moyen de remplir notre mission : guider les gens en teuf ! On a tout de suite imaginé le cas du mec éthylisé en sortie de club à 5 h qui veut continuer sa soirée”… grâce au fameux : “il est où l’after ?!”, qui marche plutôt pas mal sur ce chatbot.
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Mais c’est loin d’être le seul usage ! N’importe qui peut envoyer un petit message à L2-B2 (le nom du “bot”) via leur page Facebook, en lui demandant par exemple où on peut écouter de la house, ce qui se prépare aux Nuits Fauves ou encore où passe le Camion Bazar le week-end qui suit. Et le tout avec des échanges assez naturels, sans avoir à se casser la tête trois heures pour chercher la formule la plus adaptée.
La Bringue ne veut pas s’arrêter là : à terme, c’est le guide ultime des événements, qu’ils veulent mettre en place. Des soirées partout, pour tous les styles, tout le temps. Et bien sûr, le tout accessible grâce à L2-B2, dont le succès va croissant : entre 100 et 200 personnes viennent chaque jour y chercher le meilleur moyen de kiffer leur week-end.