Le pire, c’est qu’il ne s’agit pas d’une blague.
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Vous la sentez venir ? Mais si vous voyez, cette bonne vieille chanson bien débile qui vous reste dans la tête et qui va hanter votre existence jour et nuit ? Et bien elle est là : “Baby Shark Dance”. Et difficile de passer à côté puisqu’elle compte plus de deux milliards de vues sur YouTube. Je vous laisse relire un coup ; oui deux MILLIARDS, et pas deux millions. De quoi intégrer le top 30 mondial des vidéos les plus visionnées de tous les temps sur la plateforme californienne, excusez du peu.
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Mais ce n’est pas tout. Comme l’a révélé Billboard dans son traditionnel classement Hot 100 chart, ce tube, “inspiré d’un chant traditionnel”, a atteint la 32e place, aux côtés des plus gros poids lourds de l’industrie musicale mondiale. Mais alors, que cache cette incroyable performance ? Derrière ce morceau entêtant au possible et son clip plein de couleurs à en saigner de la rétine, on retrouve une compagnie coréenne (du sud, évidemment) répondant au nom de SmartStudy. Celle-ci a développé sa propre branche de contenu éducatif avec la chaîne Pinkfong.
Comme le rapportent nos confrères du New York Times, la compagnie a posté une première version en 2015, sans grand succès. Mais après avoir ajouté un nouveau beat et renforcé la mélodie, la piste cartonne depuis juin 2016. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois que le tube squatte les charts mondiaux, sans pour autant en atteindre les sommets. Mais cette trajectoire dans la durée est d’autant plus exceptionnelle, car elle caractérise habituellement des succès de “fond” d’artistes reconnus, tandis que les chansons comme celles-ci ont bien souvent vocation à disparaître aussi vite qu’elles sont apparues.
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La viralité des défis sur les réseaux sociaux
Alors comment expliquer un tel plébiscite ? Plusieurs groupes de K-pop – genre extrêmement populaire en Asie et qui gagne de plus en plus l’Occident – ont fait la promotion du titre, avant d’être relayés par des personnalités américaines très médiatisées telles que Ellen DeGeneres ou James Corden. “Baby Shark Dance” est même devenu un défi sur les réseaux sociaux, qui consiste à se filmer en train de danser sur cette merd… chanson éducative, ce qui explique en grande partie sa viralité colossale.
À titre d’exemple, Jimi Hendrix n’a atteint le top 40 du Billboard qu’à une seule reprise pendant sa carrière. Le Wu-Tang Clan, jamais. Comme si “Baby Shark Dance” était venu troller les classements, pour nous montrer les limites et les dérives que peuvent engendrer ces derniers, intégrants le streaming et YouTube – pratique que le Billboard a débuté en 2021 et que ni Jimi Hendrix ni le Wu-Tang Clan n’ont connu durant leur heure de gloire. Un peu à la façon d’un “Gangnam Style” au début des années 2010, en soi. Or, il s’agit ici d’un contenu théoriquement éducatif qui n’a, a priori, pas grand-chose d’éducatif.
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Même si les souvenirs de mes premiers mois d’existence sont un peu flous (sorry), il n’y a pas de traces de telles comptines dans ma mémoire. Si on a toujours eu le droit aux voix aiguës et aux textes accessibles aux jeunes internautes, maintenant on ajoute de la techno, de la pop flashy et des défis sur les réseaux sociaux à tout va, dès les premiers contenus musicaux disponibles pour les enfants. Perso, j’étais davantage fan du générique de Père Castor (t’as capté si t’es un ancien) et de Pokémon étant enfant mais bon, “le temps passe” comme on dit.
Marchandez-les tous !
La semaine dernière, le morceau était encore streamé plus de 20 millions de fois. D’après la compagnie, celle-ci est d’ores et déjà dotée de plus de 100 versions différentes, dans pas moins de 11 langues. Et pour exploiter le filon à fond, des jouets, DVD, livres, et toutes sortes de produits vont êtres créés par cette société qui emploie tout de même 200 personnes en Corée du Sud, en Chine et aux États-Unis.
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Toujours d’après la compagnie, des courts-métrages et un film seraient même dans les tuyaux. “Nous ne prévoyons pas de laisser ‘Baby Shark’ figurer dans les charts ni d’obtenir plus de vues sur YouTube, mais nous développons ‘Pinkfong’ et ‘Baby Shark’ pour en faire une marque de divertissement qui plaira aux générations futures”, expliquent les dirigeants.
Seulement, l’industrie musicale risque bien d’être “polluée” par de telles productions au vu de l’ampleur internationale prise par ce succès. Car des chansons neu-neu diffusées à grande échelle – comme pouvaient l’être “Crazy Frog”, il y en a déjà eu. Mais jusqu’à présent, elles ne se cachaient pas derrière des pseudos revendications éducatives. Mais vu le carton de”Baby Shark Dance”, nul doute que de vrais requins vont s’emparer de la tendance et lâcher des rafales de contenus similaires pour monétiser tout ça, bien comme il faut.