La Russie, toujours hostile
Avant-dernière du classement de l’ILGA, la Russie démontre quant à elle une fois de plus sa réticence au sujet de l’acceptation des populations LGBT. Avec seulement 8% de droits acquis en la matière, elle se place loin derrière le Royaume-Uni et ses 86%. Une situation qui n’a de cesse de se dégrader depuis l’adoption d’une loi clairement répressive envers les LGBT en 2013.
Contactée par Konbini, une avocate lesbienne russe relate son quotidien dans un pays qui ne cache plus son hostilité. Si l’homosexualité n’est pas ouvertement réprimée par le régime, ce dernier se cachant derrière des appellations de “propagande homosexuelle” ou “d’offenses aux sentiments religieux”, rien n’est cependant fait pour parer la haine qu’elle suscite.
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L’homophobie n’est pas criminalisée en Russie, elle ne l’a jamais été, affirme Olga*. On peut parler de criminalisation des discours haineux, mais cela n’a jamais été vraiment effectif. Selon le Code Pénal russe, toute stimulation de la haine, hostilité ou humiliation d’un groupe social est illégale.
Cependant, les LGBT n’ont été reconnus en tant que groupe social qu’en 2014 et je ne connais pas de décision basée sur cette reconnaissance. Les discours haineux ne font pas l’objet d’enquête.
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La police comme complice de l’État
Une situation qui semble résulter de comportements étatiques, mais pas seulement puisque l’avocate assure que la police se rend complice des lois discriminatoires en évitant de s’attarder sur tout crime ou discours motivé par la haine de la communauté LGBT. Mais la prise de parti des autorités serait aussi lourde en conséquences sur la société civile. Olga en témoigne, lorsque l’État ne parlait pas des LGBT, une “petite tendance à la tolérance s’initiait puisque personne ne s’intéressait à leur existence“.
Le résultat ne s’est pas fait attendre puisque l’insécurité grandissante se ressent dans la vie des communautés LGBT. Agressivité, violence mais aussi absence de sécurité familiale sont le lot quotidien des populations concernées. Olga confie à ce sujet que tous les pans de sa vie s’en voient affectés.
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Je me sens humiliée par ces lois. Mais ce n’est pas le pire. Le principal problème à mes yeux est que les autorités ne protégeraient même pas mes enfants. J’ai des enfants et j’ai peur qu’un beau jour, ils décident que ma famille elle-même est une propagande homosexuelle constituant un motif de retrait de mes enfants.
[…] Je ne peux pas lutter contre mes peurs. Quand je sors dans la rue avec ma copine, je dois toujours me dire que je peux à tout moment être confrontée à la violence ou à l’hostilité. Je n’y pensais pas avant l’adoption de ces lois et cette espèce d’hystérie anti-LGBT.
C’est pareil dans mon travail. Je travaillais dans le service public et dès que les parents de ma copine m’ont outée, j’ai été informée du fait que je n’avais plus aucune possibilité d’évolution de carrière. C’est arrivé au moment où la législation anti-LGBT était discutée…
Une résistance pacifique
Face à cette situation qui se dégrade de jours en jours, la résistance a beau s’organiser, le chemin semble encore long jusqu’à la reconnaissance des droits LGBT. Si Olga ne pense pas que la réponse à la violence par la violence soit une solution, nombre d’autres moyens pacifiques sont employés par les LGBT afin d’essayer d’améliorer leur quotidien.
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Il y a toujours des avocats qui se battent dans les tribunaux afin de faire changer les choses, pourtant il n’y a toujours pas de résultats. […] Aujourd’hui, je pense qu’il y a deux moyens de se sortir de là :
1. Changer les politiques de l’État, avec des gens qui luttent pour à l’intérieur comme à l’extérieur de la Russie. À l’intérieur, il y a les LGBT, à l’extérieur, il y a l’Europe et les États-Unis. […]
2. L’éducation. Il faudrait que la recherche en sciences sociales parle des problématiques LGBT. Avec ça, nos problèmes seraient plus accessibles et les gens comprendraient que les LGBT sont normaux. L’homophobie n’est rien d’autre que de l’ignorance.
En attendant, la Russie ne semble toujours pas disposée à faire évoluer sa législation puisque le dernier clip de campagne d’Hillary Clinton s’est récemment vu accusé de promouvoir l’homosexualité et a été interdit aux moins de 18 ans sur une chaîne relativement indépendante.
*Le prénom a été changé.