Le fracas de la présidentielle en ferait presque oublier que, quelques semaines plus tard, se dérouleront des élections tout aussi importantes, sinon plus : les législatives. Des élections que les forces vives de gauche ont bien envie de court-circuiter en replaçant au centre du débat les thématiques qui leur sont chères. Écologie, éducation, chômage, participation citoyenne accrue, autant d’aspects trop souvent mis de côté par des médias englués dans la couverture de scandales à répétition et “l’analyse” des fluctuations sondagières.
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J’y vais ? J’y vais pas ? Caroline De Haas, militante féministe et chef d’entreprise, se pose la question. Celle qui a été la directrice de campagne de Cécile Duflot (EELV), puis le fer de lance de la lutte contre la loi El Khomri avec sa pétition “Loi Travail, non merci” (1,3 million de signataires), se verrait bien réunir les sensibilités de gauche pour contrer l’investiture de la ministre du Travail dans la 18e circonscription de Paris (soit le 18e arrondissement et un bout du 9e). Un an après leur opposition sur la loi Travail, les deux femmes pourraient donc se retrouver à nouveau face à face. Sur un tout autre terrain.
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“On peut pas passer son temps à demander à ce que la politique change, et ne pas s’engager nous-mêmes lorsqu’on nous le propose”, explique Caroline De Haas dans une courte vidéo postée sur YouTube. Un jeu politique dans lequel elle se dit aujourd’hui prête à se jeter, d’autant que les communistes et écologistes de la 18e circonscription de Paris l’ont assurée de leur soutien. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon prévoit, quant à elle, de maintenir sa propre candidature.
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“La perspective d’être utile”
Dans un billet posté sur son blog Mediapart, Caroline De Haas détaille par le menu les raisons qui la poussent aujourd’hui à considérer une candidature aux législatives. “L’urgence”, d’abord, devant la multiplication de signaux inquiétants sur l’état des droits de l’homme en France, de la condamnation de Cédric Herrou pour aide aux réfugiés, au viol présumé de Théo par un policier lors d’un contrôle d’identité à Aulnay-sous-Bois.
“La perspective d’être utile”, ensuite, surtout : porter une voix fédératrice à l’Assemblée nationale pour peser dans le processus législatif. Selon elle, l’engagement politique reste “le meilleur outil à notre disposition pour changer les mentalités et la réalité” et faire bouger les lignes sur les sujets essentiels : “La concentration des richesses, l’égalité femmes-hommes, la lutte contre le racisme ou les libertés publiques.”
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Thèmes phares de la gauche que certains jugent aujourd’hui utopistes, mais qui en séduisent d’autres : François Ruffin, réalisateur du très remarqué documentaire Merci patron !, directeur de la revue Fakir et candidat aux législatives dans la Somme, pourrait rejoindre cette tentative de créer un “archipel citoyen”. Une opération reconquête menée par cette nouvelle gauche issue de la société civile qui, à l’image du mouvement espagnol Podemos, décide de ne plus laisser la chose publique entre les mains d’une minorité hors-sol.
Dans tous les cas, la candidature de la militante féminisme ne se fera pas sans l’approbation des habitants de la 18e circonscription, actuellement consultés sur ce projet d’investiture. But affiché : “Faire de la campagne puis du mandat un laboratoire démocratique.”