La province canadienne de l’Ontario devrait commencer à verser un revenu mensuel inconditionnel dès cette année. L’idée sera débattue à l’Assemblée nationale mercredi en France.
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Et si le concept de revenu inconditionnel mensuel, également parfois appelé revenu de base ou universel, se concrétisait finalement ? Alors que la Finlande, les Pays-Bas, la Suisse ou l’Alaska ont tous mis en place des programmes expérimentaux visant à verser à leurs citoyens une somme fixe mensuelle pour remplacer les allocations d’État, la province canadienne de l’Ontario s’est à son tour lancée dans l’expérience.
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Fin février, lors du vote de son budget annuel, le gouvernement local libéral a ainsi annoncé qu’il allait “travailler avec les chercheurs et les communautés […] pour déterminer la meilleure façon de concevoir et d’implémenter un revenu de base pilote.” Au début du mois de février, le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, avait lui aussi annoncé la mise en place d’un chantier de réflexion autour de l’idée,tout comme le gouvernement fédéral, dirigé par Justin Trudeau.
2016, année charnière pour le revenu de base
En 2016, le Canada vient donc ajouter son nom à la liste grandissante des nations qui expérimentent la mise en application du concept de revenu inconditionnel de base. Dans un long papier publié en décembre 2015, le magazine We demain liste les différentes initiatives menées en Europe, aux États-Unis ou en Afrique pour vérifier si le concept permet, comme l’affirment ses défenseurs, d’éradiquer la pauvreté. Et 2016 pourrait bien être l’année du basculement.
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Depuis le 1er janvier 2016, la Finlande et les Pays-Bas versent respectivement 550 et 900 euros à des échantillons de citoyens, pour tenter de quantifier les effets d’une telle mesure sur la pauvreté, l’emploi et les dépenses sociales. En juin prochain, les Suisses voteront par référendum sur une proposition de revenu universel, qui garantirait 2 300 euros mensuels à chaque habitant. En Inde, au Brésil ou en Namibie, l’idée fait également son chemin sous d’autres formes. Et le revenu de base est tout sauf une idée nouvelle : théorisé par Thomas More au XVIe siècle, il a déjà été appliqué dans certaines villes au Canada et aux États- Unis dans les années 1960-70. Il existe même depuis 1976 en Alaska, via l’Alaska Permanent Fund, qui a permis à chaque habitant de toucher 1 884 dollars sur l’année 2014.
Le concept fera son entrée au Sénat mercredi
Pendant que les pays voisins multiplient les expériences économiques, la France, et son RMI devenu RSA puis prime d’activité, reste partagée sur la question. À ce jour, la création d’un revenu inconditionnel de base figure dans un seul programme politique, celui d’Europe Écologie-Les Verts (EELV).
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Pourtant, l’idée séduit des politiciens de tous bords, avec des différences nettes sur les montants et modalités d’application : Dominique de Villepin (850 euros mensuels), Christine Boutin (400 euros mensuels), Frédéric Lefebvre (“entre 500 et 1 000 euros”) à droite, Pierre Larrouturou (150 “euros-francs” mensuels) ou Arnaud Montebourg à gauche. Depuis 2012, le Mouvement français pour un revenu de base (MFRB) milite activement en faveur de l’idée.
Anticiper la mutation technologique
Mercredi 9 mars, le revenu de base fera (enfin) son entrée au Sénat : selon Numerama, les parlementaires débattront d’un projet de résolution déposé par EELV, qui demande au gouvernement de “prendre les mesures nécessaires” pour mettre en place le revenu de base, “une nécessité pour accompagner dignement les mutations de l’économie française”. En janvier 2016, le Conseil national du numérique présidé par Axelle Lemaire incluait lui aussi cette proposition dans son rapport, anticipant la mutation technologique profonde de notre société qui devrait voir la machine remplacer progressivement l’homme dans des secteurs entiers de l’économie.
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Le travail au profit de l’entreprise ne serait donc plus le seul récompensé, mais toute contribution matérielle ou immatérielle aux savoirs et connaissances bénéficierait également d’un salaire. Au détriment, rappelons-le, de tout l’arsenal de prestations sociales actuellement gérées par l’État dans les domaines de la santé, de la famille ou de l’éducation. Car si le revenu inconditionnel sort tout droit de l’Utopie de More, il n’a rien d’une panacée : lorsque l’on sait que l’OCDE a évalué le montant annuel des prestations en France au tiers du PIB national (soit 700 milliards d’euros), un revenu de base, même de 1000 euros par tête, réduirait de facto les dépenses sociales. Et deviendrait donc… une mesure d’austérité. Mais, comme le note le Monde Diplomatique, dans une société débarrassée de l’angoisse structurelle du chômage, plus rien ne justifierait non plus les cadeaux fiscaux faits aux entreprises dans l’espoir de créer de l’emploi. Difficile de croire, dans tous les cas, qu’un tel dispositif puisse émerger en France un an à peine avant l’élection présidentielle. Patience.
Article mis à jour le 8 mars à 17 heures.