Brésil : l’ex-président Lula en passe d’être emprisonné

Publié le par Astrid Van Laer,

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Jeudi 5 avril, l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, qui fut à la tête du Brésil de 2003 à 2010, s’est vu refuser par la Cour suprême sa demande d’habeas corpus. Âgé de 72 ans, l’ex-chef d’État va devoir purger sa peine de 12 ans et un mois de prison ferme.

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Le 24 janvier dernier, Lula avait été jugé coupable en appel d’avoir accepté plus d’un million d’euros de la part de l’entreprise OAS, après être intervenu dans l’attribution de contrats publics de l’entreprise d’État pétrolière Petrobras. Il aurait reçu un triplex en bord de mer, en échange de l’attribution de ces marchés publics, alors qu’il était au pouvoir.

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La Cour suprême du Brésil a tranché : avec le rejet ce jeudi de la demande d’habeas corpus de Lula, l’ex-président peut par conséquent être incarcéré dans les prochains jours, une décision à forte portée politique dans un pays très polarisé. L’arrestation imminente de celui qui était donné en tête des intentions de vote pour la présidentielle d’octobre rebat les cartes d’un scrutin présenté comme un des plus imprévisibles depuis des décennies.

En théorie, plus aucun obstacle ne sépare l’icône de la gauche de la prison, mais, selon de nombreux juristes, il ne devrait pas se retrouver derrière les barreaux avant la semaine prochaine, la date de mardi étant annoncée comme la plus probable. L’ex-président nie farouchement, invoquant l’absence de preuves et dénonçant un complot visant à l’empêcher de briguer un troisième mandat, huit ans après avoir quitté le pouvoir avec un taux de popularité record.

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Le peuple brésilien divisé

“Le peuple brésilien a le droit de voter pour Lula, le candidat de l’espérance. Sa candidature sera défendue dans les rues et dans toutes les instances, jusqu’aux dernières conséquences”, a affirmé sur Twitter le Parti des travailleurs, fondé par Lula dans les années 1980, peu après l’annonce de la décision de la Cour suprême.

“La présomption d’innocence, ce droit fondamental […], n’a pas prévalu aujourd’hui pour Lula. C’est un jour triste pour la démocratie et pour le Brésil”, a déclaré la présidente de ce parti, Gleisi Hoffmann. L’ex-président a également reçu le soutien du président vénézuélien Nicolás Maduro, qui a affirmé sur Twitter avoir ressenti “une douleur à l’âme devant une telle injustice”.

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Retransmis en direct à la télévision, les débats de la Cour suprême ont débuté mercredi après-midi et se sont prolongés pendant plus de onze heures. À l’image du Brésil, les onze juges se sont montrés profondément divisés et la demande d’habeas corpus de Lula a été rejetée par six voix contre cinq.

Bien que très serré, ce résultat est une victoire éclatante pour les procureurs de l’opération “Lavage-Express”, enquête tentaculaire qui a mis au jour un gigantesque scandale de corruption impliquant des hommes politiques de tous bords. Même s’il a été rattrapé par les affaires, Lula reste perçu comme “près du peuple” et dispose encore d’un réservoir de voix considérable, notamment dans les régions pauvres du nord-est, dont il est originaire.

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Mais il est aussi détesté par toute une partie de la population, et de nombreuses voix se sont élevées pour saluer la décision de la Cour suprême. Mardi soir, veille du jugement, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dans les plus grandes villes du pays pour réclamer l’incarcération de Lula.

“L’ex-président n’est pas au-dessus de la loi. Une décision dans le sens contraire frustrerait la société et serait un retour en arrière dans le combat contre l’impunité”, a affirmé le parti de centre-droit PSDB dans un communiqué.

Une autre prise de position, bien plus polémique, a défrayé la chronique. Le général Eduardo Villas-Boas, chef de l’armée brésilienne, avait publié mardi soir sur Twitter un message dans lequel il indique que les militaires “partagent le sentiment des Brésiliens qui répudient toute impunité”.

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Même si elle ne fait pas explicitement référence à Lula, cette publication laisse entendre une rare prise de position de l’armée, dans un pays qui vivait encore sous le joug de la dictature militaire il y a une trentaine d’années. Amnesty International a considéré que la déclaration du général était “un grave affront à l’indépendance des pouvoirs et une menace envers l’État démocratique”.

Konbini avec AFP