L’ex-Premier ministre, en bon champion du double discours, n’a pas hésité à annoncer vouloir supprimer un article qui était devenu sa marque de fabrique.
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C’est un peu comme si Patrick Balkany annonçait vouloir renforcer les pouvoirs des contrôleurs fiscaux. Invité à la matinale de France inter, Manuel Valls n’a pas fait dans la dentelle : “Je proposerai de supprimer purement et simplement le 49-3″. La réaction de Patrick Cohen entre stupeur, incompréhension et barre de rire contenue, en dit long.
Car c’est le même Manuel Valls qui a eu deux fois recours à l’article le plus antidémocratique de notre Constitution, utilisé six fois au total lors des phases de lecture parlementaire des textes. D’abord pour faire passer en force la “loi Macron”, en 2015. Puis rebelote en 2016, pour imposer au Parlement la loi Travail portée par Myriam El Khomri, sur fond de manifestations à répétition.
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Manuel Valls veut “une renaissance démocratique”
Depuis son discours de candidature à Evry (Essonne), Manuel Valls n’a de cesse d’essayer de se poser en grand rassembleur de la gauche, quitte à s’imposer les contorsions les plus inconfortables. Il dit ainsi vouloir “une renaissance démocratique”, lui, si militant pour la prolongation de l’état d’urgence et si prompt à tordre le bras au groupe socialiste, majoritaire, à l’Assemblée. Cette hypothétique réforme de la Constitution devrait se faire, sous réserve que Manuel Valls soit élu, au cours de l’année 2017 et la piste d’une consultation des citoyens par référendum est privilégiée.
L’annonce n’a pas manqué de créer la surprise dans le camp socialiste, qui n’avait pas vraiment prévu cette perle de double discours. Au micro de RMC, le très hollandais porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, s’est ainsi dit “surpris” et demande plus d’explications de la part du candidat Valls, tout en estimant que “restreindre l’usage du 49-3 aux débats importants est une bonne idée”.
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On rappelle que l’article 49, alinéa 3, de la Constitution permet au gouvernement d’engager sa responsabilité sur un texte de loi et de le faire passer sans vote du Parlement, une fois par session parlementaire. Le Parlement n’a alors pas d’autre choix que de s’écraser ou d’engager une motion de censure contre le gouvernement. Celle-ci n’a été votée qu’une seule fois dans l’histoire de la Cinquième République, en 1962, lorsque George Pompidou était le Premier ministre du général de Gaulle.