L’annonce a étonné. Le graffiti qui se donnait à voir sur les murs du quartier de Haringey, dans le nord de la capitale britannique a été retiré probablement le week-end dernier (sa disparition n’a été constatée que dimanche). Plus de détails ont été apportés par le témoignage d’une habitante des environs qui affirme que l’oeuvre avait été recouverte opaque d’une bâche depuis mercredi dernier.
Mais le graffiti de l’artiste anglais n’a pas disparu longtemps. C’est ce matin qu’il se retrouve mis en vente via la société d’enchères Fine Art Auctions Miami pour un prix de base de 500 000$. Selon, Frédéric Thut, propriété de l’entreprise, c’est un collectionneur célèbre, dont l’identité reste néanmoins inconnu, qui a mis l’oeuvre en vente.
A propos de la transaction, celui-ci commente :
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Le propriétaire a signé un contrat indiquant que tout était en règle
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Le problème : la marchandisation du street art et du graffiti
Outre l’histoire, les retombées sont à soulever. La marchandisation et le mercantilisme en cours dans le milieu de l’art contemporain ne sont pas des nouveautés, et l’idée est nullement d’en discuter les tenants et les aboutissants ici. Néanmoins il convient de constater plusieurs choses.
Tout d’abord que le street art est victime de son succès. Propulsé phénomène artistique et médiatique majeur grâce à des figures de proue comme le natif de Bristol ou le Parisien Space Invader, c’est à présent une forme d’expression pleinement intégrée dans le giron de l’art contemporain. Les retombées sont importantes, son arrachement à son contexte d’épanouissement premier manifeste, et le mécanisme toujours le même : la valorisation à excés d’un artiste, eu égard la qualité de ses créations. Il est amusant de voir que c’est en partie ce mécanisme que l’artiste anglais dénonçait dans son célèbre long métrange Faîtes le mur.
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Face à un engouement qui dépasse à présent la sphère première des initiés, il apparait qu’un certain vide législatif est préjudiciable à la protection des oeuvres du mouvement. En effet il est étonnant de voir à quel point les pouvoirs publics semblent démunis face à une détérioration aussi évidente.
Enfin, la nouveauté provient de l’arrachement physique des oeuvres à leur lieu d’exposition. L’ambiguité du mouvement street art relève de de la non adéquation entre la renommée de certains artistes et la non monétisation de certaines de leurs oeuvres. Il faut croire que l’existence de cette manne financière inexploitable était inconcevable pour certains des barons de l’art contemporain. Et on ne peut que le regretter.
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Source : GUARDIAN