Lorsqu’on vit dans la rue, aller chez le coiffeur est le dernier des soucis. Et pourtant, ce détail change beaucoup de choses, de la façon de se voir soi-même à la perception que les autres ont de nous. Nasir Sobhani, barbier et ancien SDF, aide ceux dans le besoin en leur offrant une coupe pour les aider à retrouver leur estime.
Un barbier est bien plus qu’un mec qui coupe vos cheveux : il est aussi styliste et psy. Le barbier des temps modernes doit avoir confiance en lui, être un mentor et être capable de réciter le journal paru ce matin à ses clients.
Après des années de lutte contre son addiction à la drogue, Nasir Sobhani, aussi connu sous le nom “Barbier des rues” (“The Streets Barber”) à Victoria, en Australie, a commencé une nouvelle vie et aide maintenant les autres à faire de même.
Il travaille dans un salon de barbier du lundi au vendredi. Le week-end, il arpente les rues de Melbourne afin d’offrir son coup de ciseaux et ses conversations à ceux qui en ont le plus besoin. L’effet d’une nouvelle coupe peut avoir des conséquences insoupçonnées sur l’estime de soi.
Un documentaire à la fois fascinant et percutant fait par les réalisateurs de documentaire australiens PLGRM explore les motivations de Nasir, son talent et ses réflexions. Ce mec en impose.
Mais la France n’est pas en reste. Certains salons de coiffure offrent des “coupes suspendues” aux plus démunis, concept calqué sur celui du café suspendu. C’est très simple : lorsque vous payez pour votre coupe de cheveux, vous pouvez donner un peu plus afin d’offrir une coupe à une personne dans le besoin envoyée par des associations.
Vous pouvez en apprendre plus sur Nasir sur son compte Instagram. Si vous voulez voir plus de documentaires percutants et courts, visitez le site de PLGRM.
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Salut les gars, je m’appelle Nasir Sobhani. Je fais une petite mise à jour pour ceux qui s’intéressent à ce que je fais. Je suis barbier. Ce n’est pas un hobby, c’est une passion… tout comme aider les autres. Je dirais que cette mentalité vient de mon éducation empreinte de bahaïsme et de ma très belle famille, que ce soit proche ou distante (les clans Sobhani et Norani) qui ont passé la plupart de leurs vies à offrir leurs services aux différentes communautés du monde.
Avant, je donnais une pièce aux SDF que je croisais et je pensais avoir fait ma bonne action du jour. Mais j’ai réalisé que ce n’était pas assez. Donc j’ai essayé de donner de la nourriture et des boissons au lieu de quelque chose d’aussi impersonnel que l’argent. Mais ce n’était toujours pas assez pour moi. Je voulais les aider plus que de leur rappeler qu’ils sont constamment en train de prendre de la société et qu’ils ne donnent rien en retour.
J’ai donc pensé à faire quelque chose de différent pour mes frères et sœurs qui sont dans la rue : j’ai décidé de leur offrir des coupes et mon amitié dans l’espoir qu’ils se sentent mieux dans leur peau et qu’ils sachent qu’ils méritent tant d’attention de la part d’un étranger – une chose qui est un concept qui est presque complètement étranger pour ceux avec qui j’ai parlé.
J’espère qu’ils se sentent bien et qu’ils veulent faire de leur mieux pour changer leur quotidien et faire tout ce qu’ils peuvent pour aider les autres à se sentir comme eux : heureux, rajeunis et confiants. Vous pensez peut-être que c’est impossible, mais ça ne m’empêchera pas de croire en eux ou en moi-même. On me demande ce que je vais faire maintenant que les choses vont mieux et que mon travail commence à recevoir de l’attention. Je leur réponds juste “la même chose qu’avant” parce que mon seul but est d’aider ceux dans le besoin.
Un jour, les gens s’intéresseront moins à ce que je fais et quelqu’un faisant des choses BEAUCOUP PLUS grandes viendra. Lorsque ce jour viendra, vous me trouverez TOUJOURS dans les rues essayant d’aider les gens à se sentir beaux – parce que je suis le barbier des rues.
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Voici Ganesh. Il a 34 ans et est papa. Il a immigré en Australie avec sa mère et son frère il y a presque 20 ans, son père les ayant abandonnés aux îles Fidji. Lorsqu’il est arrivé ici à 15 ans, il a rencontré une fille. Il est tombé fou amoureux d’elle, et elle est devenue son premier amour. Ils se sont installés ensemble et ont eu une petite fille. Tout allait pour le mieux jusqu’au moment où il appris qu’elle avait une liaison. Après ça, il ne l’a pas quittée. Elle l’a quitté. Après son départ, elle lui a pris sa fille puis sa maison. Désespéré, brisé et seul, il a été forcé de vivre dans la misère et dans la rue.
À ce jour, soit dix ans plus tard, il déclare ne pas s’en être remis et est incapable de s’installer. Il a pris de l’héroïne dans un élan de désespoir pour oublier la douleur de la séparation. Finalement, il a pu aller s’installer de nouveau chez sa mère qui a fait ce qu’une mère sait faire de mieux : s’occuper de son plus jeune fils. Depuis, il aide son grand frère Vic à plein temps (histoire à venir) et fait de son mieux pour se débarrasser de son addiction à l’héroïne, ce qui est très difficile après autant de temps passé dans la rue.
La dernière fois qu’il a essayé de se couper les cheveux, les ciseaux l’ont lâché à mi-chemin et il a donc été forcé de garder cette demi-coupe un moment. Lorsque je lui ai demandé ce qu’il voulait que je fasse, il m’a dit “ce que tu veux mec, rafraîchis juste ma barbe parce que je veux la garder.” Donc je lui ai fait un dégradé très court, une coupe de barbe et je lui ai mis de l’aftershave pour qu’en plus d’avoir l’air frais, il se sente frais. Lorsque je lui ai tendu le miroir, j’ai filmé sa réaction.
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Voici la vidéo de Ganesh après qu’il ait vu sa nouvelle coupe dans le miroir. Il voulait une jolie barbe, propre – et imposante – qui serait plus présentable. Il ne savait pas le faire lui-même, donc la situation lui a échappé et tout le monde lui disait de se raser. “Ils me disent tout le temps de me raser ou de la laver, mais je ne sais pas comment faire Nas’. Aide-moi.” Je pense qu’il était vraiment bien une fois la coupe finie, et quand il a vu son reflet, sa réaction a été formidable.
“Maintenant je peux dire “allez vous faire *******, ma barbe est propre ! Arrêtez de me saouler.” Je m’excuse pour le langage et si cela offense qui que ce soit regardant la vidéo. Le truc c’est qu’il n’y a pas de script ou de répétition de leurs réactions, histoires, ou quoi que ce soit lorsque je coupe leurs cheveux. Tout est brut et réel. C’est juste comme ça que ça se passe dans la rue les gars.