Si l’opération paraît (relativement) simple, elle est cependant accueillie par beaucoup de méfiance dans les communautés de chimistes et de professionnels du vin. Pour les premiers, se passer du processus de fermentation, qui permet de transformer et mélanger progressivement les composés entre eux de manière naturelle, donc imprévisible, rend toute production de vin extrêmement compliquée. Pour les seconds, le simple concept relève du blasphème, tant l’environnement, la météorologie et le savoir-faire sont essentiels à la naissance d’un vin de qualité.
Dans une vidéo, deux journalistes du New Scientist ont organisé un blind test entre le Moscato d’Asti synthétique d’Ava et un Ruffino Chianti 2014 en provenance d’Italie. Et le produit d’Ava – qui ne peut pas, légalement, se parer de l’appelation “vin”– n’est pas prêt d’être un millésime. Pas prêt du tout, même :
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“L’odeur a tout de suite révélé le vin synthétique, explique la testeuse Lisa Grossman, quand le Ruffino sentait le raisin et le fruit, le vin synthétique lorgnait plutôt vers l’alcool à désinfecter ou le plastique.”
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Un autre testeur décrit même l’odeur comme “celle de ces requins gonflables qu’on emmène à la piscine”. Et au goût, alors ?
Un peu mieux, reconnaissent les testeurs. “Il était sucré, comme attendu, mais sans l’être trop. Il offrait quelques notes de poire et de pêche, et quelque chose de plus floral et artificiel, comme du savon à la lavande. Mais cette essence de sac plastique revenait systématiquement dans l’arrière-goût”, détaillent-ils. Pour la transmutation christique à 50 dollars la bouteille, il faudra donc encore attendre. Ou carrément abandonner l’idée, non ?