Condamnés pour homosexualité, deux hommes lynchés en public ont finalement été relâchés et leurs agresseurs punis. Une décision judiciaire sur fond de polémique dans un pays où l’homosexualité reste un délit.
C’est une affaire qui a retenti au-delà des frontières du royaume. Deux citoyens de la ville de Béni-Mellal, dont le lynchage public avait fait l’objet d’une vidéo aussi virale qu’insoutenable, ont finalement été relâchés lundi 11 avril par la justice marocaine, après avoir passé 26 jours à l’ombre. L’un d’eux avait été condamné à quatre mois de prison ferme, le 15 mars, pour “actes sexuels contre-nature” (synonyme “d’homosexualité” au Maroc), tandis que l’autre était dans l’attente de son jugement.
Le 9 mars, quatre jeunes gens pénètrent dans l’appartement du couple d’homosexuels et les agressent violemment avant de les filmer, nus, ensanglantés et de les traîner sur la voie publique. Ils sont arrêtés le 25 mars. Le 11 avril, la justice marocaine a condamné les deux principaux agresseurs à quatre et six mois de prison. Elle a relaxé les deux autres. D’après France Info, une centaine de manifestants, “femmes à gauches, hommes à droite”, protestaient devant le tribunal pour obtenir la libération des agresseurs.
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Des Femen arrêtées
Le procès des deux homosexuels a suscité une vive polémique. Il a notamment été marqué par la venue de deux militantes des Femen qui ont tenté de protester topless devant le tribunal avant d’en être empêchées par des policières, d’après Hussein Harchi, représentant de l’Association marocaine des droits humains (L’AMDH est une organisation indépendante), qui en a fait le récit à l’AFP, relayé par Libération.
Les deux femmes, françaises, ont été expulsées du Maroc sur-le-champ “pour tentative de mener des actes portant atteinte aux bonnes mœurs et à la morale publique”, selon un communiqué de la préfecture de Béni-Mellal-Khénifra reproduit par l’agence officielle MAP.
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Le Petit Journal arrêté lors d’un tournage sur place
Cette affaire de mœurs s’est invitée dans l’actualité française lorsque des journalistes du Petit Journal étaient arrêtés à Béni-Mellal. Leur tort : tourner un sujet dans le quartier où résidaient les deux victimes. Ils auraient été interpelés après une “dénonciation” des habitants du quartier d’après Qushq, un média local.
Ce dénouement judiciaire est une bonne nouvelle pour les droits des homosexuels au Maroc. L’avocat des victimes, maître Hassala, se dit satisfait du sursis accordé à ses clients – même si, à terme, il faut selon lui abroger l’article 489, fameuse loi qui criminalise les rapports homosexuels.
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