Après des années de préparation, le projet de drone solaire de Facebook, conçu pour offrir Internet au monde entier, a enfin décollé.
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En 2016, le monde compte à peu près 7, 5 milliards d’individus. Et 3,4 milliards d’entre eux possèdent une connexion Internet, soit 40 % de la population. Si, en Occident, le taux de connexion proche de 100 % ne nous permet plus d’envisager la société sans Internet, il est facile d’oublier que l’accès à l’information globale est encore un luxe. Pour remédier à cela, les géants de la technologie sont déjà en train de se tirer la bourre, rivalisant de projets ambitieux pour “connecter le monde”.
L’enjeu commercial est évidemment faramineux, avec près de 4 milliards de clients potentiels n’attendant que de découvrir les joies des réseaux sociaux. Chez Google, par exemple, le plan s’intitule Project Loon et consiste en des antennes-relais attachées à des ballons d’hélium flottant à 25 kilomètres d’altitude, dans la stratosphère, et se déplaçant tout autour du globe à 300 kilomètres/heure. Fantaisiste ? Les tests sont déjà en cours. Du côté de Facebook, le projet s’appelle Aquila, et consiste en une flottille de drones à énergie solaire faisant office d’antennes mobiles. Le 21 juillet, Aquila a (enfin) décollé.
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Selon les informations de Facebook, le drone de 400 kilos a volé pour la première fois, en taille réelle, durant 90 minutes et à basse altitude. Un temps de vol certes trois fois supérieur à ce qu’avait prévu l’entreprise pour un premier test, mais encore ridicule par rapport aux attentes du projet : dans l’imaginaire de Mark Zuckerberg et ses équipes, les drones auront une autonomie en vol de… trois mois, à une altitude de 18 kilomètres, et en faisant “des rondes de 60 miles (96 kilomètres) de diamètre”. Avec ses deux énormes ailes (34 mètres d’envergure) couvertes de panneaux solaires, Aquila est ainsi conçu pour ne consommer que 5 000 watts en vol, soit à peu près la consommation d’un micro-ondes.
Technologie, philanthropie et business
Si le premier test est donc concluant, l’entreprise précise dans son communiqué que la flotte de drones Aquila n’est pas encore pour tout de suite. “Nous sommes encouragés par ce premier vol réussi, mais nous avons encore beaucoup de travail devant nous, écrit Mark Zuckerberg. Pour parvenir à voler au-dessus de régions reculées et fournir une connexion durant trois mois consécutifs, nous allons devoir battre le record du monde de vol solaire sans pilote, qui est pour le moment de deux semaines.” Une comparaison bienvenue, qui donne un aperçu de l’état d’avancement du projet et des obstacles technologiques qu’il reste à surmonter.
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Mais Facebook ne reculera devant aucune dépense pour aller au bout de son idée : le projet Aquila est la clé de voûte de sa stratégie Internet.org, un business model visant à fournir un accès Internet à la moitié de la population mondiale dissimulé sous de beaux atours philanthropes. L’ambition affichée est certes de “connecter le monde” – c’est même écrit en énorme sur la page d’accueil du site –, mais l’idée est avant tout de fidéliser des milliards de nouveaux clients. Ce qui pose une multitude de problèmes éthiques, à commencer par la neutralité d’un Internet fourni par un réseau social.
En février dernier, l’Inde l’avait parfaitement compris en rejetant poliment la proposition de Facebook, qui offrait au gouvernement de l’aider gratuitement à développer son réseau Internet via la suite d’outils de développement Free Basics. L’autorité indienne de régulation des télécoms (TRAI), inquiète de la naissance d’un “Internet de Facebook”, avait alors jugé le projet irrecevable. Une jurisprudence qui pourrait s’appliquer à d’autres pays, et rendre la belle flottille de drones de Facebook inutilisable. Car si un certain nombre de pays n’ont pas encore d’accès à Internet, ça ne les empêche pas d’être parfaitement au courant des enjeux de sa neutralité.