Interview. Le syndicat apicole de l’Aisne a porté plainte jeudi contre le numéro un mondial des pesticides pour “administration de substances nuisibles”. Il dénonce un danger pour la santé.
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Alors que les apiculteurs ont manifesté jeudi leur colère et leur exaspération dans plusieurs villes de France, le Syndicat apicole de l’Aisne vient de porter plainte contre le fabricant d’herbicides Monsanto pour “administration de substances nuisibles”.
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La raison : l’un de ses adhérents a retrouvé dans son miel des traces de glyphosate, cet herbicide controversé, classé comme potentiellement cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé. Jean-Marie Camus, président du syndicat apicole de l’Aisne, revient pour Konbini news sur cette action en justice.
Konbini news | Comment avez-vous réagi en apprenant que du glyphosate avait été retrouvé dans le miel de votre adhérent ?
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Jean-Marie Camus | On s’est sentis trahis et frustrés. On se bat pour que notre miel soit le plus propre possible, et au final on retrouve ce produit dangereux dedans. Ces pesticides ne sont pas sains et nos abeilles en souffrent. Elles ne rentrent plus dans les ruches, elles sont complètement désorientées… Ce n’est pas normal !
Pourquoi avoir porté plainte contre Monsanto ?
Pour l’instant, on ne connaît pas encore la teneur en glyphosate retrouvée dans le miel. Avec cette plainte, on espère une enquête pour découvrir le taux de contamination. On veut aussi alerter l’opinion et dire : “Attention danger !” Si notre miel contient du glyphosate, alors que l’on prend toutes les précautions possibles, on risque aussi de manger du glyphosate quand on mange des carottes, des petits pois… Tous les produits qui sont cultivés en terre. La santé humaine est en danger.
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Qu’attendez-vous de cette action en justice ?
Faire comprendre qu’il faut arrêter avec ces produits qui sont mis dans nos sols, dans nos légumes, et qui mettent en péril notre santé. Les arbres dépérissent à vue d’œil, les oiseaux et les insectes disparaissent. Que se passe-t-il ? Notre plainte, c’est une alerte. Il faut que ça éclate.
Au Parlement, les députés ont récemment refusé d’interdire le glyphosate d’ici trois ans. Quelle a été votre réaction en tant qu’apiculteur ?
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Cela m’attriste profondément. D’autant que les dangers du glyphosate sont connus depuis des années… L’entreprise qui produit cet herbicide aurait pu produire une alternative depuis longtemps, non ? Mais il y a des lobbys qui bloquent tout.
Comment arrivez-vous à garder espoir face à l’hécatombe observée parmi les abeilles ?
Ce n’est pas facile. Il y a de plus en plus d’apiculteurs qui arrêtent parce qu’ils n’ont plus d’abeilles, ou parce qu’ils n’ont plus la foi de travailler dans ces conditions. Mais si on continue à se battre, c’est pour nos enfants et nos petits-enfants. Pour leur santé. Sans les abeilles, c’est toute la biodiversité qui est en danger.
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