Travail des enfants
Le travail de récolte des fruits qui contiennent l’huile de palme est dangereux et épuisant physiquement. C’est pour cela que la législation indonésienne interdit d’engager des mineurs de moins de 18 ans pour “les pires formes de travail”.
Pourtant, d’après le rapport, des enfants âgés entre 8 et 15 ans travaillent sur les plantations de Wilmar pour aider leurs parents. Ils ne vont pas à l’école et travaillent parfois toute la journée. D’après la synthèse du rapport, “ces enfants portent de lourdes charges, car ils doivent transporter des sacs de fruits ramassés par terre et certains poussent des brouettes remplies de lourds régimes [de fruits] sur un terrain accidenté et des ponts étroits”. Sollicitée par l’ONG, Wilmar se dédouane en répondant :
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“Le travail des enfants n’a pas sa place dans les activités de Wilmar, et c’est une règle non négociable pour nos fournisseurs. […] Le manque d’accès à l’éducation et aux services de garde d’enfants est l’une des principales raisons de ce phénomène.”
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Les risques du métier
Comme les palmiers à huile poussent jusqu’à 20 mètres de hauteur, les ouvriers utilisent des perches en acier pouvant pesant une douzaine de kilos pour récolter leurs fruits. À ces outils aussi lourds que dangereux vient s’ajouter un autre risque condamné par Amnesty International : l’utilisation d’un pesticide toxique (le paraquat), interdit par l’Union européenne et même par… Wilmar.
Les ouvriers qui récoltent les fruits sont exclusivement des hommes, les femmes s’occupant de l’entretien des plantations. Elles sont payées moins du minimum horaire et peuvent, dans certains cas extrêmes, gagner moins de 2,3 euros en une journée.
Confrontés à des risques de dégâts respiratoires causés par la pollution, les ouvriers ne bénéficient d’aucune protection adaptée, notamment en ce qui concerne la culture sur brûlis (qui consiste à mettre le feu à une forêt pour ensuite cultiver le sol fertilisé par les cendres des arbres). Pour rappel, entre août et octobre 2015, des terribles feux de forêt causés par cette pratique ont produit plus de CO2 que l’économie américaine dans la même période.
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Label “durable”… et travail forcé
Amnesty International épingle neuf grandes multinationales, qui utilisent l’huile de palme dans leurs produits en la labellisant “huile durable”, parce qu’elle est certifiée par la RSPO (“Roundtable on sustainable palm oil”, ou “Conférence sur l’huile de palme durable” en français). Cet organisme a été créé en 2004, en réponse aux critiques concernant l’impact environnemental de la production de l’huile de palme. Toutefois, on reproche à cette structure de contrôle un manque d’objectivité, des industriels en faisant partie. En effet, si le projet a été lancé par WWF, on y trouve aussi Unilever…
Le certificat RSPO devait aussi permettre de luter contre le travail forcé. Mais Amnesty International montre que les objectifs établis par les fournisseurs pour les ouvriers sont souvent irréalisables. Et s’ils ne sont pas respectés, l’ouvrier concerné se verra supprimer un septième de son salaire. Il recevra par contre une prime s’il rapporte plus de fruits. Pour les femmes, l’une d’elle, citée dans le rapport, raconte que si elle n’atteint pas ses objectifs (comme déverser 15 à 17 sacs d’engrais), la part du travail journalier manquante lui sera imposée le lendemain.
L’ONG rappelle que le droit du travail est rigoureux en Indonésie, mais que la loi est rarement appliquée. Comme le souligne ce rapport, il est grand temps que les multinationales s’engagent à plus de transparence et que les consommateurs avertis fassent leurs choix en conséquence.