Après quelques verres, c’est ton équilibre qui trinque. T’as beau gérer dans ta tête, dès que tu te penches un peu, c’est tout ton corps qui bascule au sol. Mais pourquoi l’alcool provoque-t-il cette perte d’équilibre ?
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Primo, et c’est rassurant, l’homme n’est pas le seul à chavirer dans de telles conditions. Aux États-Unis, des chercheurs de Pittsburgh, Milwaukee et Baltimore ont testé des rongeurs sous alcool : ils tombent aussi vite qu’un balai. Le père Noël aussi d’ailleurs, mais pour ça, pas besoin de preuve scientifique.
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Deuxio, la vraie coupable de ce trouble de l’équilibre, c’est notre oreille. Pas celle qu’on recouvre d’un casque ou d’écouteurs, mais l’oreille interne, ce serpentin escargot qui se cache au fond de notre tube auditif.
L’oreille interne se compose en deux parties : le cochlée et le système vestibulaire. Alors que le premier sert à l’audition, le second permet de mesurer les accélérations que subit notre tête de droite à gauche, de haut en bas, et même quand la tête pivote.
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L’accéléromètre de notre tête fonctionne d’une manière simple. À l’intérieur, des cils baignent dans un liquide gélatineux. Les mouvements de la tête vont secouer cette gélatine et stimuler au passage les cils.
Au moindre mouvement, les cils envoient les données au cervelet. Après une rapide analyse, le cerveau sait exactement quelle est votre position dans l’espace. Vous chutez ? Il tente immédiatement de rétablir l’équilibre en mobilisant vos muscles. Fastoche ? Pas lorsque de l’alcool s’invite dans le processus ! Lorsque la boisson se diffuse dans l’organisme, ça change la donne.
La véritable modification liée à l’équilibre se situe au niveau de cette fameuse gélatine. Le débarquement de l’éthanol dans la gélatine fait des vagues : cela modifie sa structure : “L’endolymphe, le liquide dans lequel baignent les cellules ciliées [aka les cils] est moins dense. Les mouvements sont exagérés et surcompensés”, explique Mickael Naassila, directeur de l’unité de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendance, située à Amiens.
À cause de cette perturbation, les cils peuvent osciller alors que la tête est immobile. C’est là qu’apparaît cette sensation désagréable où ça tangue autant que sur un bateau en pleine tempête.
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Un souci de coordination
Mais l’éthanol ne fait pas que des vagues. Ce serait trop facile, sinon. Cette molécule clandestine adore se fixer aux récepteurs du cerveau dits “GABAa” et induire une ataxie. Késaco ? C’est un souci de coordination dans les gestes, comme un manque de douceur. Voilà pourquoi, après avoir bu, votre douceur s’est évaporée !l
D’ailleurs, les chercheurs qui ont regardé des rongeurs tomber plus vite que des balais ont aussi tenté d’inhiber les fameux récepteurs GABAa des bêtes. Et ça a fonctionné ! Plus d’ataxie. En effet, “certains inhibiteurs peuvent complètement bloquer les effets comportementaux de l’alcool, notamment moteurs”, explique Mickael Naassila.
Pas de quoi non plus croire, qu’en avalant des médocs on peut échapper aux effets de l’alcool. Par contre, oui, on peut s’accommoder à l’alcool. Est-ce que ça booste notre équilibre bourré ? Aucun rat ne nous en a informé.
Conclusion, quand on a consommé de l’alcool : d’un côté, l’oreille interne a de l’alcool dans la gélatine, donc les cils traduisent mal la position dans l’espace. De l’autre, l’alcool met la zizanie dans le cerveau. Plus possible d’aligner deux mouvements sans saccades. Alors forcément, si l’on commence à jouer les équilibristes sur un fil, c’est complexe de capter assez vite les mouvements pour retrouver l’équilibre ou de ne pas faire de gestes trop brusques qui n’aident pas.
La prochaine fois que que ça tangue pas mal après quelques bières, pensez donc à l’éthanol qui débarque en masse dans l’oreille interne ! Et allez boire un verre d’eau !
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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.