À Chypre, plus de 2,3 millions d’oiseaux ont été tués par les braconniers à l’automne 2016, en toute impunité, selon une étude de la Société royale britannique de protection des oiseaux (RSPB). Ce chiffre en très forte hausse, par rapport aux 1,4 million d’oiseaux tués en 2010, pousse l’association de protection des oiseaux BirdLife Cyprus à évoquer un véritable “désastre écologique“. D’autant plus que le braconnage est strictement interdit dans l’Union européenne, dont Chypre est un État membre.
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La police de la base militaire britannique de Dhekelia (le Royaume-Uni a gardé deux zones de souveraineté sur l’île, depuis son indépendance en 1960) s’est donc dotée de caméras cachées et d’un drone high-tech pour chasser les braconniers :
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“La police des bases britanniques est totalement engagée à viser quiconque impliqué dans la prise au piège illégale d’oiseaux et nous utiliserons toutes les méthodes légales à cette fin”, a déclaré à la presse le commandant Jon Ward, dans des propos rapportés par l’AFP.
Le drone, qui peut aller jusqu’à plus de 80 kilomètres par heure
Le drone dont s’est muni la police militaire de Dhekelia est un appareil haut de gamme à vision infrarouge, capable de capter des images de très haute qualité, même la nuit. De quoi l’aider à mieux couvrir certaines zones qu’elle avait du mal à atteindre dans le passé. Avec des pics de vitesse à 80 kilomètres par heure, l’appareil peut facilement poursuivre des hommes, les photographier et les identifier. Un outil indispensable pour mettre les braconniers d’oiseaux migrateurs hors d’état de nuire mais aussi de dissuader cette chasse illégale.
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La chasse illégale d’oiseaux migrateurs est un fléau qui prend racine dans le secteur de la gastronomie : les Chypriotes raffolent de l’ambelopoulia, un mets controversé préparé à partir d’oiseaux grillés, notamment des grives ou des rouges-gorges (un peu comme nos ortolans à la provençale – un plat par ailleurs interdit depuis la fin du XXe siècle). Piégés par des branches enduites de colle ou des filets, des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs sont donc tués, puis servis en secret dans des restaurants de l’île.
Cette “spécialité” est en théorie interdite, mais elle perdure grâce au juteux business qu’elle génère. Selon la revue spécialisée Le Chasseur français, les braconniers vendent la douzaine d’oiseaux pour 40 euros, à des établissements qui proposent ensuite discrètement l’assiette d’ambelopoulia à environ 80 euros. “Un braconnier bien organisé peut gagner des dizaines de milliers d’euros par an sans payer aucun impôt”, affirme le magazine.
Attendons de voir dans quelle mesure le recours à un drone permettra de diminuer, voire d’éradiquer, le braconnage dans la zone de l’île où l’objet est testé. Qui sait ? Peut-être que l’idée pourrait inspirer de nombreuses réserves à travers le monde.
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