Vous avez un compte Yahoo! ? Très bien. Vous serez donc ravi d’apprendre que le contenu de tous vos emails a sans aucun doute été scanné par un logiciel-espion inclus dans les serveurs de l’entreprise dans le cadre d’un programme de surveillance secret imposé par une agence gouvernementale américaine (probablement la NSA ou le FBI). Rassurez-vous, vous n’êtes pas tout à fait seul : le programme concernerait des centaines de millions de comptes. Vous criez à la paranoïa ? L’information a été confirmée à Reuters par trois ex-employés de l’entreprise et Yahoo n’a même pas démenti, se bornant à répondre qu’elle “se conforme aux lois des États-Unis”.
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Toujours selon l’enquête de Reuters, la découverte de ce programme, qui permet de se balader dans le contenu des emails pour y rechercher des suites de mots “suspects”, aurait poussé le directeur de la sécurité informatique de la compagnie, Alex Stamos, à poser sa démission, tandis qu’éclataient des dissensions internes à la suite de ces révélations. Reuters précise que c’est Marissa Mayer, l’actuelle PDG de Yahoo!, qui aurait décidé de ne pas s’opposer à l’ordre du gouvernement et de tout simplement s’y plier.
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Non coupables, votre honneur
Après ces révélations, les associations de défense des droits civiques américaines, comme l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), sont rapidement montées au créneau, dénonçant un ordre “sans précédent et inconstitutionnel”. Interrogé par Reuters, le juriste de l’ACLU Patrick Toomey s’insurge contre “le genre de recherche générale et sans fondement que le Quatrième Amendement voulait interdire” . Conséquence logique, selon Numerama, de la généralisation du chiffrement dans les messageries, les fournisseurs de services sont désormais mis sous pression par les agences de renseignement puisque ces dernières n’ont plus les moyens techniques de regarder tranquillement par desssus l’épaule des utilisateurs.
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Bon, cette fois-ci, ça tombe sur Yahoo! (qui n’avait pas besoin de ça, après la révélation du piratage de 500 millions de comptes 1 à 3 milliards de comptes le mois dernier), mais quid des autres ? Reuters est allé interroger Google, Microsoft, Apple et Facebook pour savoir s’ils avaient eux aussi subi ce type de pression. Réponse unanime de la chorale des honnêtes multinationales : “Jamais.” Trois des géants technologiques ont même précisé que, le cas échéant, ils auraient évidemment refusé d’installer un tel programme dans leur système. Libre à vous de les croire. Pour Edward Snowden, en revanche, tout ceux qui n’ont pas “explicitement nié” sont “aussi coupables que Yahoo!”. Microsoft, c’est toi qu’on regarde.