“Il n’y a aucune raison pour que l’épouse du chef de l’État puisse obtenir un budget sur les fonds publics” : en quelques semaines, près de 200 000 internautes ont apposé leur signature numérique à un texte dénonçant le statut de Brigitte Macron. L’auteur de la pétition, Thierry Paul Valette, se décrit lui-même comme “citoyen engagé”, artiste peintre et fondateur du mouvement politique Égalité nationale. “Brigitte Macron dispose à l’heure actuelle d’une équipe de deux à trois collaborateurs, ainsi que de deux secrétaires et deux agents de sécurité et cela est suffisant”, souligne-t-il.
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Un cabinet dont on ne connaît à ce jour ni les missions exactes ni le budget. En comparaison, Valérie Trierweiler était dotée d’environ 400 000 euros en 2013. Carla Bruni, compagne de Nicolas Sarkozy, touchait quant à elle 600 000 euros chaque année pour rémunérer son staff. Des sommes prélevées directement sur le budget de la présidence de la République, pour des dépenses et des missions aux contours assez flous : éducation, engagement associatif, déplacements, cadeaux, réceptions, etc.
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C’est justement pour clarifier ce rôle que les proches de Brigitte Macron ont annoncé la mise en place imminente d’un agenda officiel de la Première dame. “Comme elle n’a pas été élue, elle n’aura pas de statut. Mais il y a des choses à clarifier, il faut arrêter l’hypocrisie et officialiser des choses cachées jusqu’alors”, déclarait l’un de ses collaborateurs à L’Express le 6 juillet. Une position dans la droite ligne de ce que déclarait Emmanuel Macron en pleine campagne présidentielle, affirmant que sa femme aurait “un rôle public” mais sans être “rémunérée par le contribuable”. “Nous en définirons le cadre si je suis élu dans les premières semaines et elle en décidera”, affirmait-il encore, laissant penser que la Première dame française pourrait ressembler à la First lady américaine, au rôle politique nettement plus assumé. Pour le pétitionnaire, cela pourrait passer par la mise à sa disposition d’un “cabinet spécial” et de “fonds propres”.
Moralisation
Thierry Paul Valette tient également à rassurer sur les intentions de sa pétition : “Nous dénonçons farouchement toutes les attaques sexistes envers Brigitte Macron et nous ne remettons nullement en cause ses compétences.” Mais pour lui, le renforcement du rôle de la Première dame générerait de nombreuses dépenses supplémentaires, “à l’heure où l’État souhaite faire des économies”.
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Raisons économiques donc, mais aussi éthiques, alors que les députés débattent en ce moment même de l’interdiction des emplois familiaux. “Paradoxalement, le recours aux emplois familiaux sera bientôt interdit à l’Assemblée nationale”, enfonce ainsi Thierry Paul Valette. Et c’est justement dans le cadre de ce débat législatif que la question du statut de la Première dame a été remise sur le devant de la scène. Comme le souligne France 24, les députés de la France insoumise ont tenté tant bien que mal de soumettre un amendement visant à couper les rémunérations des conjoint-e-s du président, des ministres et des députés.
En réponse, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, a défendu que la loi de moralisation n’était “pas un véhicule approprié pour définir ce statut”, tout en rappelant qu’Emmanuel Macron s’était prononcé en faveur d’une “plus grande transparence sur le rôle et les moyens mis à la disposition” de la Première dame.