On a appelé cette nuit “Zigeunernacht” en allemand, ou la “Nuit des Tziganes”. Dans la seule nuit du 2 au 3 août 1944, des milliers de Roms furent assassinés par les Nazis dans le camp d’Auschwitz-Birkenau. 2 897 exactement ont perdu la vie ce soir-là, dans les chambres à gaz du tristement célèbre camp de concentration.
Publicité
En France, comme chaque année depuis dix ans, le Collectif national des associations de citoyens itinérants (CNACI) a pris l’initiative de commémorer cette nuit tragique. Mercredi 2 août, à 17 heures, les membres de l’association et leurs soutiens remonteront ainsi les Champs-Élysée, à Paris, pour raviver la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. “Ce soldat, dont personne ne sait rien, aurait tout à fait bien pu être manouche”, souligne à Speech Jérôme Bonin, président de l’association Fils et filles des internés du camp de Saliers (membre du CNACI).
Publicité
Une France à la traîne
En 2015, le Parlement européen a officiellement reconnu le 2 août comme journée de commémoration de l’holocauste des Roms. L’institution européenne déclarait ainsi “reconnaî[tre] le fait historique que constitue le génocide des Roms durant la Seconde Guerre mondiale ainsi que d’autres formes de persécution, telles que les déportations et les détentions et demand[er] aux États membres de faire de même.”
Publicité
“Dans la seule nuit du 2 au 3 août 1944, 2 897 Roms, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards, ont été massacrés dans le camp tsigane d’Auschwitz-Birkenau” rappelaient les députés européens dans leur déclaration du 15 avril 2015. “Pour commémorer cette atrocité, le 2 août devrait être proclamé ‘Journée européenne de commémoration du génocide des Roms’ et dédié à la commémoration de toutes les victimes de ce génocide.”
Pourtant, bien que François Hollande ait reconnu en 2016 “la responsabilité de la France dans l’internement de milliers de Tsiganes par le régime de Vichy”, contrairement à l’Allemagne ou à la Pologne, l’Hexagone peine à instituer cette journée de commémoration de l’holocauste des Roms, au grand regret de Jérôme Bonin. “La marche que nous faisons chaque année sur les Champs-Élysées est une initiative des Voyageurs. L’État français n’organise rien pour commémorer ce génocide”, explique-t-il. “Nous invitons tous les ans des représentants de l’État, mais personne ne vient, sauf l’an dernier, où une personne inconnue du ministère de la Défense a daigné se déplacer.” Du pur mépris, selon le président de l’association.
Outre-Atlantique, les communautés roms appellent elles aussi à la reconnaissance de cet événement tragique dans leurs pays. C’est notamment le cas au Canada, où beaucoup espèrent que le Premier ministre Justin Trudeau reconnaîtra bientôt officiellement l’holocauste des Roms.
Publicité
Selon les estimations du Parlement européen, plus de 500 000 Roms ont été exterminés par les nazis et d’autres régimes ainsi que leurs alliés dans les camps de la mort, au cours de la Seconde Guerre mondiale et, dans certains pays, plus de 80 % de la population rom a été exterminée.