“La musique a toujours été célébrée en communauté, sur des pistes de danse ou dans des salles de concert. Mais ce rituel déterminant dans la vie, comme tant d’autres expériences quotidiennes — aller à l’église ou au travail — est maintenant menacé, à cause de la violence par arme à feu qui règne dans ce pays.”
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Ces quelques phrases proviennent d’une lettre ouverte, rédigée par l’équipe du magazine musical Billboard et publiée en ligne cette semaine. Écrite au nom d’artistes “qui ajoutent leur voix au chœur d’Américains qui réclament du changement” au sujet des armes à feu, elle a déjà été signée par plus de 150 musiciens et acteurs de l’industrie musicale, parmi lesquels Paul McCartney, Thom Yorke, Eddie Vedder, Lady Gaga, Beck, Iggy Pop ou Trent Reznor (la liste exhaustive est à retrouver ici).
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Loin de se cantonner à une simple dénonciation des violences par armes à feu — désormais quotidiennes aux États-Unis et périodiquement rappelées au grand public à la faveur d’une fusillade un peu plus importante (Orlando, Sandy Hook et toutes les autres) —, la lettre ouverte réclame au Congrès de prendre deux décisions majeures pour encadrer le port d’armes dans le pays.
Premièrement : l’obligation de vérifier les antécédents judiciaires de toute personne souhaitant acquérir une arme. Deuxièmement : interdire à toute personne suspectée de terrorisme de s’en procurer une légalement — oui, aux États-Unis, c’est tout à fait possible.
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Si ces deux idées nous paraissent relever du bon sens, elles représentent pourtant un chantier politique et législatif considérable aux États-Unis, où la National Rifle Association (la NRA, le lobby des armes américain) et le deuxième amendement de la Constitution (celui qui autorise le port d’arme) ont encore une aura et un poids considérables dans le camp républicain, qui possède la majorité au Congrès.
Ces jours-ci, cependant, les lignes sont doucement en train de bouger, comme si la tuerie d’Orlando avait (enfin) été l’électrochoc politique tant attendu (ne tombons pas dans l’angélisme, l’imminence de l’élection présidentielle joue aussi pour beaucoup). La nuit dernière, des élus démocrates ont ainsi organisé un sit-in de douze heures au Congrès en exigeant de l’opposition républicaine un débat et un vote sur la régulation des armes à feu, au son de “No bill, no break” (“Pas de loi, pas de pause”). Un événement historique pour la démocratie américaine, et la confirmation que le débat sur les armes à feu sera bien l’un des enjeux, sinon l’enjeu principal, de l’élection à venir.