Le mois de novembre est celui de l’économie sociale et solidaire ainsi que celui de la semaine européenne de réduction des déchets. Mais aussi, assez ironiquement, celui du Black Friday qui a lieu ce vendredi 23 novembre… Voici cinq chiffres pour prendre conscience des conséquences de cette surconsommation de masse.
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Ce vendredi 23 novembre marque le coup d’envoi du Black Friday. Une journée de fièvre acheteuse venue des États-Unis, caractérisée par son inadéquation totale avec des valeurs de consommation raisonnée et un mode de vie durable. Le meilleur exemple d’une surconsommation de masse que notre planète ne peut plus supporter.
Alors que l’ensemble des ONG et de la communauté scientifique alerte sur la dégradation à grande échelle de l’environnement et des ressources mais aussi du gaspillage, et ses corollaires que sont la violence, la pauvreté ou encore les inégalités, voici quelques chiffres et données pour prendre conscience de l’ampleur du problème de cette grand-messe du marketing.
- Seulement 2 % d’économies sont réalisées en moyenne lors du Black Friday
La fast-fashion et le high-tech sont les principales sources de dépenses dans le monde à l’occasion des soldes et du Black Friday. Deux sources massives de déchets, de pollutions et de gaz à effet de serre à l’impact sociétal et environnemental dramatique.
Mais c’est aussi un leurre financier. Selon une étude menée en 2015 par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, les promotions du Black Friday ne font bénéficier les clients que de 2 % de réduction en moyenne. Des rabais ridicules pour les consommateurs, mais une manne financière ahurissante pour les marques.
En France, 735 millions d’euros ont été dépensés entre le Black Friday et le Cyber Monday en 2016. C’est trois fois moins qu’aux États-Unis (2,8 milliards d’euros en 2016), quatre fois moins qu’au Royaume-Uni (3,2 milliards d’euros), et… trente fois moins qu’en Chine (avec un record historique de 22 milliards d’euros engrangés cette année en une seule journée lors de l’équivalent chinois du Black Friday).
- 80 % des vêtements achetés en Occident chaque année finissent à la poubelle
Une personne achète 60 % de vêtements de plus qu’il y a 15 ans, et garde chaque pièce deux fois moins longtemps, selon une enquête McKinsey citée par Greenpeace en 2016. Autrement dit, on consomme deux fois plus et on gaspille deux fois plus qu’au début du siècle.
Aujourd’hui, le secteur du textile est la deuxième industrie la plus pollueuse du monde juste derrière le secteur pétrolier (pollutions chimiques issues des usines, pesticides utilisés dans les champs de coton, usage intensif de l’eau). Selon une étude du Guardian rapportée par Konbini au début de l’année, 80 % des vêtements achetés en Occident chaque année finissent à la poubelle.
Avec cet exemple éloquent au Royaume-Uni où trois quarts des consommateurs jetteraient leurs vieux habits aux ordures au lieu de les recycler.
- +63 % de e-déchets en cinq ans en Asie
Notre consommation de biens électroniques a atteint des sommets et leur obsolescence nous conduit à nous en débarrasser rapidement. Loin de disparaître, les précédents atterrissement dans des décharges des pays pauvres, notamment en Afrique et en Asie où ils s’amoncellent dans des proportions sans précédent.
Selon l’Onu, la quantité de ces “e-déchets” générée en Asie a augmenté de 63 % en seulement cinq ans, entre 2010 et 2015. Un volume hors norme que les pays n’ont ni les infrastructures, ni les moyens de recycler. Pire : les usines de traitement fonctionnent la plupart du temps au mépris de l’environnement, de la santé des travailleurs et des droits de l’homme.
- Le recyclage est un mythe !
Le recyclage est un mirage. Et le problème de la surconsommation ne peut pas être compensé par le recyclage, selon les observateurs. Les pays développés ne sont pas encore au point, ni techniquement ni commercialement pour gérer les stocks de vêtements et d’électronique envoyés dans les décharges chaque année.
C’est pourquoi nous mettons tranquillement la poussière sous le tapis, en exportant joyeusement nos “déchets” vers les pays du Sud. Avec les conséquences déjà précisées dans le point précédent.
- L’ensemble de nos possessions matérielles pèse 60 000 fois plus lourd que nous
Dernier chiffre pour la route : une étude s’est “amusée” à chiffrer l’ensemble des possessions matérielles de l’espèce humaine, pour montrer l’aberration de notre consommation. Elle en a conclu que nos biens matériels pèsent 60 000 fois plus que toutes les personnes vivant sur la planète. Soit assez de possessions pour remplir chaque mètre carré de la surface de la Terre avec 50 kilos d’objets.
“Sois le changement que tu veux voir dans le monde”, disait Gandhi (et tous ses disciples aux cheveux longs rencontrés dans des festivals avec des soucoupes à la place des yeux). N’empêche, les phrases clichées sont parfois les meilleures. À quoi bon vomir à longueur de journée les problèmes du monde et se ruer de l’autre côté pour consommer et posséder toujours plus (sans véritable besoin) ? Soyons cohérents.