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Un doute ? C’est encore plus clair dans la FAQ du site :
Si votre projet est lauréat, vous devrez financer sa réalisation. De plus, en cas d’activité commerciale vous devrez verser à SNCF une redevance calculée sur le chiffre d’affaire.
Ainsi, comme l’énumère Actualitté, la SNCF ne veut ni plus ni moins que le beurre, l’argent du beurre, et celui du labeur : elle propose d’utiliser le talent de certains afin qu’ils réhabilitent des lieux actuellement inexploitables ; que ces derniers renoncent à leurs droits d’auteur à titre gratuit “alors que c’est interdit par le code de la propriété intellectuelle” ; qu’en sus, ils payent une redevance pour l’occupation des lieux ; et pour finir que la SNCF utilise ces œuvres à des fins de communication sans s’être donné la peine de débourser un kopeck.
“Ce n’est pas une boîte à cash”
Pourtant, l’initiative fait l’admiration du Ministère de la Culture, qui relaye l’information en appuyant sur l’aspect “exceptionnel” des sites, la “source d’inspiration inépuisable” autour de la thématique “Mieux vivre ensemble”… mais en omettant de rappeler que celui qui finance, c’est vous. Au cas où vous n’êtes pas sûr d’avoir compris, dans les Inrocks, Caroline de Jessey de SNCF Immobilier l’explique clairement :
Nous mettons à disposition les lieux. Mais il faut que les projets soient de qualité et qu’ils soient faisables financièrement. Après, libre à chacun de faire connaître son projet et de faire appel à des mécènes. Ce n’est pas une boîte à cash. C’est de l’expérimentation avant tout.
Bref, un “démerdez-vous” qu’un paquet de gens considère comme plutôt insultant : une pétition qui a pour l’instant récolté plus de 4 500 signatures a été lancée en ligne pour dénoncer ce mépris du statut d’artiste et du droit d’auteur. Hedden Bebbouche, à l’origine de la grogne avec “un collectif d’artistes” s’exprime on ne peut plus clairement auprès de StreetPress :
En gros, c’est à l’artiste de s’endetter et sortir de sa poche pour revaloriser le patrimoine de la SNCF !
Pour l’exemple
La pétition est une chose, mais l’affaire pourrait aller plus loin encore : plusieurs syndicats d’artistes (au pied de cet article) menacent de porter plainte contre la SNCF. Contactée par StreetPress, Katherine Louineau du syndicat des plasticiens CAAP menace de mener une action en justice, affirmant qu’il “pourrait y avoir matière à les attaquer” et qu’ils “serviraient d’exemple”.
Eh oui, la SNCF est loin d’être la première entreprise à agiter “l’appel à projets” pour mettre en concurrence les talents gratuits des artistes ou des créatifs. Pour la gloire !