Centr’HallesPark, une salle à destination de tous
Il s’agit d’un équipement évolutif qui permet de s’améliorer dans la technique et de découvrir les bases du Parkour. L’idée globale étant de destiner la salle exclusivement au Parkour, nous avons dû réfléchir en termes d’horaires, avec des créneaux réservés aux associations, plutôt dans l’après-midi et de le proposer à des scolaires la matinée, avec l’idée que cette discipline entre dans le programme de l’Éducation Nationale, explique Frédéric Serrurier.
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Car selon lui, cette pratique a un réel intérêt pour l’école dans le sens où “il véhicule des valeurs telles que l’entraide et la persévérance et permet d’améliorer sa motricité. Une grande partie de notre mission a d’ailleurs été d’expliquer aux élus locaux l’intérêt d’une telle salle et de leur expliquer que les valeurs à la base du Parkour sont à l’encontre même des Yamakasi“.
Les valeurs du Parkour intéressantes à transmettre
Le Parkour est l’art de franchir des obstacles, autant concrets qu’au sens figuré. Il est probablement l’un des meilleurs exercices à la motricité, et les valeurs sont des valeurs citoyennes et importantes. Comment pourrait-on refuser que l’ensemble soit transmis au grand public ?
Échange, découverte ou perfectionnement : les avantages d’une telle salle
Si l’essence même du Parkour est de le pratiquer dans la rue et que de prime abord il semble contradictoire de l’enfermer dans un espace clos, les praticiens de cette discipline voit d’un bon oeil l’ouverture de Centr’HallesPark. Et ce pour plusieurs raisons. Pour Claire Buat, un des principaux avantages serait de pouvoir pratiquer ce sport lors des intempéries et de ne plus être dépendant du mauvais temps, même si “le Parkour peut se pratiquer en extérieur même en temps de pluie“, souligne-t-elle. Si le fait de pouvoir initier et entrainer les débutants dans un endroit sécurisé est aussi un des grands avantages de la salle, les pratiquants avertis y voient également une manière de se perfectionner.
“L’avantage avec la salle, c’est que tous les types de mouvements à travailler sont regroupés au même endroit. La salle peut booster nos progressions, au même titre qu’une préparation physique adaptée, ou qu’un groupe d’amis traceurs motivés“, se réjouit David Pagnon. Car comme le confirme Sidney, une bonne préparation physique est plus que nécessaire et les salles de gym dans lesquelles les traceurs s’entraînent régulièrement sont souvent mal adaptées.
Elle permettra de progresser plus sereinement, pour l’encadrant mais aussi pour le pratiquant. C’est ce message que nous voulons faire passer aux jeunes : ça a l’air facile sur les vidéos, mais on ne se jette pas comme ça sur le béton ! Donc que ce soit pour l’initiation ou le perfectionnement, la salle est un très bon outil. Après selon moi, ce n’est qu’un outil qui doit permettre après d’aller explorer l’extérieur avec de bonnes bases.
“L’extérieur est tellement plus varié”
Si de manière générale, ils sont tous plutôt optimistes, ces traceurs émettent quand même quelques réserves. Car comme le rappelle David Pagnon, “le Parkour demande à connaître précisément ses limites ou du moins de les connaître assez pour ne pas risquer d’aller au-delà et de se blesser“, ce qui n’est en général pas le cas pour un novice. Or, en s’entraînant exclusivement dans une salle, il est possible de passer outre cette phase importante puisque les tapis sont là en cas de chute. C’est d’ailleurs pour cela qu’à Grenoble, où il donne des cours de Parkour, l’accès au gymnase n’est ouvert aux novices qu’après avoir passé plusieurs séances à appréhender l’environnement urbain.
Ils commencent en extérieur, prennent compte de la réalité du béton, et ont alors le droit de s’entraîner en intérieur. Une bonne partie d’entre eux choisissent finalement de ne plus venir au gymnase : l’extérieur est tellement plus varié ! L’inconvénient, c’est que la salle pousse à céder à la facilité, on ne voit tout d’abord que les mouvements les plus évidents. On n’a pas à explorer de nouvelles motricités.
“Comme pour les skate park, je n’aimerais pas qu’on me dise ‘maintenant que vous avez un endroit pour vous, vous êtes obligés d’aller là bas’. J’aimerais pouvoir continuer à le pratiquer n’importe où“, ajoute Claire Buat.
Car finalement, tous les sports qui ont commencé à être pratiqués de manière marginale, ont fini tôt ou tard par se démocratiser et s’institutionnaliser. Le skate mais aussi le roller, l’escalade ou encore le basket par exemple se sont forgés à l’extérieur. “C’est l’évolution logique des pratiques dans la rue, lorsqu’elles deviennent plus connues du grand public, il y a une demande de formation et d’encadrement“, résume Frédéric Serrurier. Néanmoins, si ces sports sont aujourd’hui tous codifiés avec des compétitions mondiales régulières, la majorité des praticiens du Parkour espèrent continuer de se démarquer sur une chose : qu’institutionnalisation ne rime pas avec compétition. Car selon David Pagnon :
L’objectif de la Fédération est justement de participer au développement naturel de la discipline, en essayant toutefois de conserver au maximum l’esprit originel, de le transmettre sans le diluer dans les questions d’argent, de star-système, ou de codification.