Afin de lutter contre le terrorisme, le gouvernement australien offre à son service de renseignement l’accès aux données des citoyens collectées par les FAI.
“La vie privée en ligne des Australiens s’achève ce mardi 13 octobre“, proclame le Sydney Morning Herald. Et pour cause : le gouvernement australien fait entrer en vigueur à cette date une loi obligeant chaque fournisseur d’accès à Internet (FAI) à conserver les métadonnées de ses clients pendant deux ans. Le but de ce classement de données est de les ouvrir en accès libre aux services de renseignement du pays.
Selon Le Monde, 21 agences de renseignement et de sécurité auront un accès totalement libre à ces informations personnelles, sans qu’il y ait besoin de recourir à l’approbation d’un juge. Unique garde-fou : les FAI auront la possibilité de conserver une trace laissée à leur seule discrétion qui détaillera les demandes d’accès aux métadonnées et leurs justifications. Or ce registre doit être conservé secret.
Les métadonnées ? Ce sont les informations qui accompagnent un message et permettent de le remettre dans son contexte : géolocalisation, destinataire, adresse IP… mais aussi informations d’appel, numéros appelés, dates et heures des SMS envoyés, etc. Si les FAI osent déroger à cette nouvelle loi, elles risquent une amende de 1,3 million d’euros.
À voir aussi sur Konbini
Évidemment, tout comme la loi renseignement en France, ce texte s’attire les foudres des défenseurs des libertés pendant que le gouvernement australien la justifie par l’argument que son application est nécessaire à son programme de lutte contre le terrorisme. Les opposants au texte ont cependant eux aussi des arguments et tentent de les faire entendre.
“Complètement crétin”
Comme ils le relèvent, cette loi ne permet presque aucune possibilité de recours en cas de mise sous surveillance injustifiée. Aussi, le peu de contrôle judiciaire opéré sur cet espionnage en ligne leur semble éminemment abusif.
Par ailleurs, le gouvernement est soupçonné d’avoir fait passer ce texte sans réelle connaissance d’Internet : parmi les informations collectées, l’historique de sites visités est étrangement absent. Patrick Fair, avocat spécialisé dans les communications, explique à Fairfax Media que selon lui, “si le gouvernement veut attraper des terroristes, ce serait évidemment beaucoup plus facile de voir sur quels sites ils se sont rendus. Dans un contexte de sécurité nationale, exclure l’historique Internet semble complètement crétin“. Oups.