Se battre pour l’avenir de la planète n’a rien d’une sinécure. On estime qu’en 2015, un activiste environnemental a été assassiné en moyenne tous les deux jours dans le monde.
Ils tentaient de défendre leurs terres, leurs forêts, leurs rivières ou protéger toute autre ressource naturelle des conflits et des intérêts politiques et économiques. Et ils sont morts pour ça. Selon un rapport de Global Witness publié l’été dernier, l’année 2015 a été la plus meurtrière pour les défenseurs de l’environnement. Cette ONG britannique spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles a ainsi répertorié 185 meurtres perpétués à travers 16 pays l’an passé. C’est plus de deux fois plus que le nombre de journalistes tués en raison de leur profession sur la même période.
Une réalité encore trop peu médiatisée et face à laquelle Amnesty International a décidé de réagir. L’ONG a ainsi lancé la plateforme Speak Out for Defenders le 10 décembre dernier à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme. Un outil interactif en ligne pour donner de la visibilité aux combattants écologistes victimes d’intimidation, de stigmatisation, de détention arbitraire, de menaces, d’attaques et de meurtres.
Pour l’instant, la plateforme se concentre uniquement sur le continent américain. Grâce à une carte, on peut localiser précisément les activistes menacés ou assassinés : dans quel pays ils vivent, la cause environnementale pour laquelle ils se battent, la manière dont ils sont mis hors d’état d’agir. Le site propose également une galerie de portraits d’hommes et de femmes qui luttent pour défendre leur droit et celui de l’environnement à travers les associations locales, souvent contre de grands groupes industriels, miniers et pétroliers ou contre des politiques corrompus.
À voir aussi sur Konbini
L’Amérique du Sud dans le viseur
Parmi ces hommes et femmes mis en lumières par Amnesty International, Alexander Anderson qui a fondé AHOMAR (l’Association des hommes et des femmes de la mer) au Brésil pour dénoncer et lutter contre la pollution latente de la baie de Guanabara dans l’État de Rio et qui menace la santé de ses habitants. Ou encore de la Guatémaltèque Angélica Choc, qui, elle, se bat pour la reconnaissance du meurtre, il y a 7 ans, de son mari, un leader indigène qui s’opposait à un projet de mine et dont le procès des présumés coupables reste à ce jour en cours.
Actuellement, l’Amérique latine est le continent le plus dangereux pour les activistes environnementaux, avec 122 meurtres perpétrés en 2015 sur les 185 répertoriés, note le site Speak Out for Defenders. En tête des pays les plus meurtriers : le Brésil avec 50 assassinats – notamment dans la région de l’Amazone –, et la Colombie avec 26 meurtres pour l’année 2015 selon Global Witness. Mais comparé à leur superficie et à leur démographie, le Honduras et le Guatemala restent les pays les plus dangereux du monde (respectivement 8 et 10 meurtres la même année). Certains se rappellent peut-être de l’assassinat de la militante écologiste hondurienne Berta Cáceres en mars dernier, qui avait reçu le prix Goldman pour l’environnement un an plus tôt.
Les ONG notent que les communautés les plus à risques demeurent les peuples autochtones qui luttent sans répit pour la protection de leurs terres, car celles-ci recouvrent bien souvent des ressources naturelles qui intéressent les États ou des multinationales.