Depuis le 3 mars, une quarantaine de plaintes ont été déposées auprès de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité.
À voir aussi sur Konbini
Chargement du twitt...
La maison Yves Saint Laurent vient de dévoiler les deux affiches de sa nouvelle campagne pour la collection automne 2017. Pour l’occasion, la marque a misé sur une esthétique choc. Sur les deux clichés placardés dans les rues de Paris, on retrouve des femmes chaussées de talons aiguilles à roulettes (si, si). La première affiche, en noir et blanc, dévoile une femme à moitié allongée, écartant les jambes dans une position improbable. La seconde, en couleur, nous montre une mannequin debout, mais ayant le haut de son corps avachi sur un tabouret.
Sur ces deux clichés, ce sont les jambes des jeunes femmes qui sont mises en valeur quand le reste du corps est à moitié occulté, suivant ainsi les règles bien connues de l’objectivation. Le tout laisse l’impression de voir des pantins sans vie et désarticulés – un type d’images que nous véhicule depuis de nombreuses années l’industrie de la mode.
Il n’aura pas fallu longtemps aux internautes pour remarquer cette publicité et exprimer leur mécontentement. Via Twitter et le hashtag #YSLretiretapubdégradante, ces derniers se sont inquiétés de l’effet nocif de ces affiches qui encouragent certains comportement extrêmes et banalisent le sexisme et l’anorexie, au nom des ventes et d’une certaine image du luxe.
De féministe à sexiste
Sur Twitter, beaucoup d’internautes mettent aussi en évidence la triste évolution de l’image des femmes véhiculée par la marque Yves Saint Laurent. En effet, le couturier était connu pour ses partis pris stylistiques qui ont révolutionné la mode féminine, indexant ses créations aux évolutions sociales pour offrir plus de liberté aux femmes, et ce dès les années 1960. Alors que les pantalons étaient encore interdits en entreprise, il fut le premier à proposer des smokings pour femmes, bousculant ainsi les codes de l’époque. En revanche, son nom est aujourd’hui associé aux campagnes affichant des modèles dénudées et sexualisés à outrance.
Chargement du twitt...
En réaction à cette campagne de pub, de nombreux internautes ont saisi, à partir du 3 mars, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). D’après L’Express, l’institution aurait reçu près d’une quarantaine de plaintes ce week-end. Stéphane Martin, directeur général de l’ARPP, interrogé par le journal, a déclaré :
“Nous estimons qu’au regard des règles que les professionnels s’imposent sur l’image et le respect de la personne, les postures de cette mannequin représentent un manquement grave à cette règle.”
L’autorité a prévenu l’afficheur qui doit maintenant se retourner vers la marque. Ce n’est pas la première fois qu’Yves Saint-Laurent suscite l’indignation. En 2015, une photo de pub représentant une mannequin à la maigreur inquiétante, publiée dans le magazine Elle UK, avait été interdite par l’autorité britannique de régulation de la publicité.