Les dinosaures politiques et les girouettes rejoignent en masse le mouvement d’Emmanuel Macron, qui se serait bien passé de son nouveau statut d’arche de Noé politique.
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Malaise. Alors que les sondages applaudissent unanimement la “dynamique Macron”, de nombreuses personnalités politico-médiatiques décident d’attraper le train En marche. Problème pour l’ancien ministre de l’Économie, ces ralliements parfois encombrants collent bien peu à l’image jeune et moderne qu’il cherche à faire passer à grands renforts de meetings surchauffés, malgré l’âge avancé de ses nombreux collaborateurs.
Dans un entretien au Parisien, l’ex-“French Doctor” Bernard Kouchner ne tarit pas d’éloges sur celui qui “fait naître l’espoir”. Dithyrambique, il loue la sensibilité de son nouveau candidat fétiche, son humanisme, sa capacité à emmener la France dans une “aventure”. Un soutien surprise accueilli avec fraîcheur par les équipes de Macron en raison du passif peu reluisant de Bernard Kouchner. Au cour de sa (longue, très longue) carrière, ce dernier n’a pas hésité à intégrer des gouvernements de droite comme de gauche, sous Mitterrand puis sous Sarkozy, ce qui lui vaut aujourd’hui d’être perçu comme une certaine incarnation de l’opportunisme et du vieux jeu des partis. Tout le contraire du “ni de droite ni de gauche” revendiqué à cor et à cri (surtout à cri) par Emmanuel Macron. À 77 ans, Bernard Kouchner a tout du “dinosaure politique” aux antipodes du modernisme affiché par le fondateur d’En Marche !.
En marche !, un canot de sauvetage pour personnalités en déficit d’options politiques ?
Pas mieux du côté de l’économiste Alain Minc, ancien visiteur du soir de Nicolas Sarkozy et accessoirement éminence grise de plusieurs patrons du CAC 40. Interviewé par le JDD, l’essayiste dit aujourd’hui apprécier “l’espèce de pied de nez que ferait au monde entier cette France énervée, angoissée, inquiète, en ayant le culot de choisir Macron”. Un baiser mortel, si l’on juge les échecs répétés de tous les candidats qu’Alain Minc a soutenus par le passé : Balladur en 1995, Sarkozy en 2012, Juppé à la primaire… Ironie de l’histoire, l’essayiste critique sans vergogne le “sauve-qui-peut” général des personnalités de gauche qui rejoignent En Marche !, après avoir lui-même déserté les rangs de la droite française.
Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on ne manque pas de railler cette volte-face, à l’image de ce tweet amusé du secrétaire général d’En Marche ! :
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Ces soutiens enthousiastes inquiètent en effet les équipes d’En Marche ! souvent plus qu’ils ne les ravissent, craignant que leur mouvement ne devienne une sorte d’arche de Noé, un canot de sauvetage pour personnalités en déficit d’options politiques.
Car le troisième homme des sondages n’en finit pas d’attirer à lui les profils les plus variés, pour le pire comme pour le meilleur. Début janvier, on apprenait l’embauche en fanfare de la célèbre journaliste Laurence Haïm, nouvelle porte-parole du mouvement qui n’hésite pas à parler de “french Obama” lorsqu’elle évoque son poulain. Plus récemment, c’est l’ancien directeur de campagne de Bruno Le Maire qui est venu grossir les rangs du mouvement : “On file à Macron nos chats noirs“, plaisante-t-on dans l’entourage du candidat malheureux à la primaire des Républicains alors que, côté Macron, on vante une “belle prise”.