À l’heure de la post-vérité, l’outil de visualisation Hoaxy nous montre les mécanismes de prolifération des intox dans un écosystème propagandiste.
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Nous avons les deux pieds dans la post-vérité, que ça vous plaise ou non. La véracité des faits s’est fait la malle au profit de la férocité des attaques et de toute façon plus personne ne sait faire la différence. Le créationnisme survit (beaucoup trop bien), les climatosceptiques entrent au gouvernement américain et la presse traditionnelle, qui a eu à peu près tout faux sur les derniers grands pronostics politiques internationaux, est désormais perçue comme la voix docile de son maître politico-financier. 2016 est un moment fascinant, celui ou l’atomisation des sources d’information est telle que la “vérité” n’a plus aucun visage.
Alors que la presse internationale cherche encore un coupable (Facebook, Trump, elle-même ?) pour la naissance de ce nouvel âge de l’information, d’autres, comme l’université de l’Indiana, cherchent déjà à analyser ses mécanismes dominants, en développant Hoaxy, un outil de visualisation qui propose une autopsie de la propagation des fausses informations, généralement émises par les sites conservateurs d’extrême-droite.
À partir de l’émergence d’une fausse information en ligne, Hoaxy retrace tout son parcours sur Twitter, ricochant de site en site, de post en post, et se démultipliant à chaque étape pour terminer par percer hors de l’Internet d’extrême-droite, atteindre la bulle de filtrage des fact-checkers et finalement se faire désosser (trop rarement, cependant). À travers le système de propagation de l’information, Hoaxy nous dévoile surtout les structures qui relient ces sites entres eux, à la manière d’une toile. Une sorte de scan de la fachosphère et de son réseau de diffusion, qui nous permet de mieux comprendre, en un regard, la fabrique de l’information propagandiste. Observer, c’est comprendre. Comprendre, c’est déjà combattre. Combattre, c’est refuser l’idée qu’Idiocracy soit un film d’anticipation.